Les Oblats sont « loin d’être en faillite », déplore une survivante d’un pensionnat
Radio-Canada
Survivante du pensionnat Sainte-Anne, Evelyn Korkmaz dit avoir beaucoup appris sur l’Église catholique et ses entités. « Leurs objets de valeur sont plus importants que l’humanité », clame celle qui a été forcée de fréquenter, de 1969 à 1972, cette institution basée dans le nord de l’Ontario où elle a été maltraitée pendant son enfance.
Pendant des années, elle a cherché à mettre la main sur les dossiers et les réparations que l’Église lui doit, à elle et à d’autres survivants. Cette campagne l’a menée à Rome, en 2019, pour un sommet du Vatican sur les abus sexuels.
Ils ont prétendu être pauvres, en faillite. Je suis allée au Vatican, et ils sont loin d’être en faillite, a-t-elle assuré. Evelyn Korkmaz a reçu quelques compensations, mais elle demeure impliquée dans les litiges contre les groupes qui ont géré ces pensionnats.
Ceux qui ont poursuivi l'Église pour des actes répréhensibles commis dans le passé affirment que chercher à obtenir justice est une tâche herculéenne, rendue d'autant plus difficile par la structure complexe de l'entreprise qui, selon eux, est conçue pour protéger les entités catholiques.
CBCCanadian Broadcasting Corporation a mené une enquête sur les Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée (OMI), qui ont géré un total de 48 pensionnats pour Autochtones à travers le Canada. Cette enquête lève le voile sur un réseau élaboré de plus de deux douzaines de sociétés détenant au moins 200 millions $ d’actifs et de liquidités, avec pour priorité de prendre soin d’un nombre décroissant de prêtres vieillissants face à des obligations imminentes.
En fait, un bulletin interne datant de 2007 cite la limitation du passif comme l'une des principales raisons de la restructuration d'un ordre.
Les Oblats font partie des dizaines d'entités catholiques qui ont promis, ensemble, 25 millions $ pour un fonds approuvé en 2006 afin d'indemniser les survivants pour les abus émotionnels, physiques et sexuels, ainsi que pour les violations systémiques des droits de l'homme fondamentaux, subis dans les pensionnats dirigés par des prêtres et des religieuses catholiques.
Or, les groupes catholiques ont déclaré n'avoir pu réunir que 3,9 millions $ par le biais de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens (CRPI), et en 2015, le gouvernement fédéral a libéré l'Église catholique de ses obligations de règlement.
Un an avant cet accord controversé, les Oblats ont vendu une grande superficie le long de la rivière Rideau, à Ottawa, réalisant un profit qui, selon les critiques, est une preuve supplémentaire des priorités de l'Église.