
Les muses orphelines à La Bordée : survivre à l’absence d’une mère
Radio-Canada
Si la pièce a déjà été présentée dans de nombreux théâtres, en plus d’être adaptée au cinéma en 2000, Les Muses orphelines propose un sujet complexe et encore bien d’actualité.
Présentée au théâtre La Bordée jusqu’au 19 mars, Les muses orphelines nous plonge en 1965, à Saint-Ludger-de-Milot, au Lac-Saint-Jean. Quatre enfants – Isabelle, Martine, Catherine et Luc – ont été abandonnés par leur mère, 20 ans plus tôt. Aujourd'hui, ils se retrouvent malgré leurs différends dans le village de leur enfance et se préparent à accueillir leur mère pour un dîner. Ces retrouvailles font ressurgir de vieux souvenirs et nous amènent dans un roman familial teinté d'amertume.
Au fil des années, chacun a dû apprendre à vivre sans mère, en trouvant des réponses dans sa propre existence. On reconnaît facilement les manques affectifs et la relation bancale bien campée entre les quatre protagonistes.
Toute la pièce repose sur le jeu des acteurs. Plus l'histoire avance, plus on découvre des éléments de réponses qui nous surprennent et qui nous gardent accrochés à l’histoire. Isabelle, surnommée la mongole à cause de son manque d’éducation et sa déficience intellectuelle, finira par se venger de son frère et ses sœurs. Sa sensibilité et sa simplicité sont touchantes.
La mise en scène reste assez simple; une structure en bois en guise de toit de maison, quelques copeaux au sol pour ajouter du désordre. Tout est là, sans surplus, mais permet des déplacements bien pensés sur scène.
L’abandon d’une mère, aussi soudain qu’incompréhensible, ne peut nous laisser de glace. Les muses orphelines est un psychodrame, qui touche là où ça fait mal, à travers la sensibilité du texte et le jeu des comédiens. On s’attache aux personnages, on se reconnaît à travers eux dans la spontanéité du dialogue, parfois violent, parfois attendrissant. Les pointes d’humour sont bien posées et nous font rire au bon moment.
On se surprend à ressentir le mal-être et l'incompréhension de quatre enfants qui ont dû malgré eux grandir sans parent. Il ressort de ce brouhaha familial ce qui les unit le plus : l'amour inconditionnel entre un frère et ses sœurs.
L’histoire est universelle et l'œuvre est libératrice. C'est à voir ou à revoir!