
Les masques tombent, mais de nombreuses personnes demeurent vulnérables à la COVID
Radio-Canada
En ce début de troisième année de pandémie de COVID-19, la plupart des pays dans le monde lèvent la majorité des mesures sanitaires. Si certains s’en réjouissent et considèrent que la pandémie est « terminée », il y a une tranche de la population qui n’a pas le choix de continuer à vivre avec des risques élevés.
C'est une responsabilité maintenant qui est la nôtre, a dit le Dr Luc Boileau, directeur national par intérim de la santé publique du Québec, jeudi en conférence de presse, tout en ajoutant qu’il faut penser à ceux qui sont les plus vulnérables, les gens qui sont immunodéprimés, les personnes plus âgées et en particulier celles qui souffrent de maladies chroniques.
L'immunologiste André Veillette dit qu’il est désolant de voir qu’on met un si gros fardeau de gestion du risque sur les épaules de ces personnes vulnérables. Ces gens font déjà attention. Mais ils sont enfermés, cloîtrés depuis deux ans. Ils ne sortent pas parce qu’ils connaissent le risque, dit M. Veillette, qui est membre de l'Institut de recherches cliniques de Montréal.
Daron Basmadjian, un pharmacien montréalais qui a offert des plages horaires « sécurisées » pour vacciner les patients immunodéprimés en toute sécurité, critique d’ailleurs le Dr Boileau qui dit qu’on ne peut plus continuer d'exiger le port du masque dans les endroits publics pour 3 % de la population qui est immunosupprimée. Trois pour cent sur 8 millions de personnes, c’est beaucoup de personnes. C’est plus de 250 000 Québécois, en fait.
M. Basmadjian dit que plusieurs de ses clients à risque sont anxieux par la levée rapide des mesures. Ils n’ont pas le choix de vivre dans une société qui ne veut plus prendre de mesures. Ils sont découragés, anxieux et ne savent pas ce qu’ils vont faire. Une bonne partie va se mettre à risque, parce qu’ils n’ont pas le choix.
La société devrait avoir un peu plus de compassion pour ces personnes qui n’ont pas choisi d'être à risque de développer des complications de la COVID-19, précise M. Basmadjian. Plusieurs sont nés comme ça ou prennent des médicaments [qui compromettent leur système immunitaire].
C’est le cas d’Anne-Danielle Grenier qui a une maladie auto-immune et une maladie auto-inflammatoire qui la rendent très à risque de développer une forme sévère de COVID-19. De plus, le cocktail de médicaments qu’elle prend pour gérer ses symptômes fait en sorte que son système immunitaire est complètement à plat.
Depuis deux ans, Anne-Danielle est isolée chez elle. Elle aimerait bien pouvoir retourner à la normale comme le reste de la population, mais puisque le virus est encore très présent dans la communauté et qu’on retire les mesures sanitaires de base, son niveau de risque est trop élevé, même si elle continue de porter un masque.
Cette Montréalaise croit que plusieurs ne comprennent pas qu’il y a de nombreux Québécois comme elle qui ont des maladies qui les mettent à risque de développer des complications de la COVID-19, mais qui ne sont pas à l’article de la mort.