
Les jeux de hasard et d’argent en ligne : risqués et illégaux
Radio-Canada
Musicien de Sherbrooke, au Québec, Mathieu Longpré ne croyait jamais devenir un joueur compulsif. Les machines à sous, réputées pour créer de la dépendance, ont réussi à lui faire perdre près de 100 000 $. Aujourd’hui, il fait face à un autre défi : résister aux jeux de hasard et d’argent en ligne qui nous bombardent de publicités.
« Je suis sur la bonne voie, mais je suis dérangé par les annonces qui passent à la télévision sans cesse. Ils incitent le monde dans une dépendance qui est excessivement dévastatrice. »
Les jeux qu’on publicise à la télé ne sont pas illégaux en soi, puisque ce sont des jeux gratuits dont les adresses en ligne finissent par .net. Ce que veulent les opérateurs privés, c’est de vous amener sur leurs sites .com, qui regroupent des jeux où vous devez miser de l’argent. C’est là que ça devient illégal.
Mathieu peut jouer partout, assis devant son ordinateur ou couché dans son lit, avec son téléphone. Il a accès à près de 1000 sites de jeux en ligne. La prolifération de ces sites qui commercialisent et font la promotion du jeu inquiète particulièrement Sylvia Kairouz, qui dirige la Chaire de recherche sur l’étude du jeu à l’Université Concordia. Il y a 20 ans, selon elle, on ne comptait que 0,2 % de la population québécoise qui jouait en ligne. Aujourd'hui, on atteint les 11 %.
« On voit des jeux qui sont tellement visuels et sonores. Il y a quand même à se poser des questions sur la nature de ces jeux-là, qui sont très attrayants pour les jeunes. »
Tous les sites de jeux en ligne sont illégaux au Canada, sauf s’ils sont supervisés ou exploités par une province, comme ceux de Loto-Québec. Les spécialistes comme Sylvia Kairouz reconnaissent qu’il est difficile de sévir contre ces sites illégaux, surtout que la plupart proviennent de l’extérieur du Canada.
« Il faut légaliser avec des licences, bien encadrer, surveiller et sanctionner éventuellement. »
C’est ce que l’Ontario veut faire en émettant, depuis avril dernier, des licences aux opérateurs privés qui exploitent des jeux en ligne sur son territoire.
Contrairement à ce qu’un groupe de spécialistes lui recommandait en 2014, le Québec n’appuie pas l’idée d’établir un système de licences pour légaliser le jeu en ligne. Selon le président de Loto-Québec, Jean-François Bergeron, 60 % des joueurs québécois jouent sur le site de la société d'État. Et il est souhaitable de conserver une seule vitrine pour s'assurer que la commercialisation se fasse de façon responsable.