Les jeunes Québécois devront-ils eux aussi, un jour, réapprendre le français? Le risque est réel...
TVA Nouvelles
Au sortir de mes années d’études en littérature française à l’Université du Québec à Chicoutimi, je suis parti un beau matin du mois de mai en direction de la Nouvelle-Écosse pour aller enseigner le français langue seconde à l’Université Sainte-Anne.
Pour moi, c’était un premier boulot en tant que professeur de français. Mais je n’aurais jamais pensé que pour ma première expérience de travail, j’aurais devant moi des étudiants anglophones en provenance des quatre coins du pays.
Je n’étais pas le seul professeur de français du Québec à débarquer à Church Point. Nous étions une petite délégation de jeunes professeurs qui en étaient à leurs premiers pas dans la profession. Notre mission était donc d’enseigner dans un cadre d’immersion totale la langue française.
J’avais donc décidé d’offrir à mes étudiants une immersion québécoise jumelée à celle dite française. Je leur fis la lecture du texte d’une chanson de Félix Leclerc, Le p’tit bonheur ainsi que l’écoute de cette même chanson.
Bien entendu, tout au long de cette première saison d’enseignement en Nouvelle-Écosse, les étudiants ont eu à se soumettre à des exercices de grammaire, d’orthographe et de syntaxe. Mais lors du dernier cours, ils m’avaient réservé une surprise. Ils avaient pratiqué en secret, Le p’tit bonheur de Félix, qu’ils m’ont chanté ensemble, question de me remercier des cours que je leur avais offerts et de leur avoir fait découvrir la beauté de la langue québécoise.
Moi, je les ai remerciés d’avoir été le plus beau prétexte pour ce faire. Ce fut émouvant d’entendre les mots de Félix Leclerc chantés par de jeunes anglophones en provenance des quatre coins du Canada.
Par la suite, je suis retourné à l’Université Sainte-Anne, mais cette fois ce fut pour enseigner le français à de jeunes Acadiens. Des enfants qui parlaient bien l’anglais, mais qui «baragouinaient» leur première langue officielle, le français. Un peu comme si de jeunes Québécois allaient suivre des cours de français langue seconde dans une école du Québec afin de mieux parler et écrire leur propre langue.
J’ai également enseigné le français langue seconde au Centre linguistique du Cégep de Jonquière à des étudiants francophones en provenance, entre autres, d’Edmonton et de Winnipeg. Dans le cadre du cours que j’avais préparé, il y eut la création d’un petit journal d’une page, baptisé Le Hors Québec et qui était inséré dans le quotidien régional Le Réveil distribué à la grandeur du Saguenay chaque semaine.
Dans ce petit tabloïd, les étudiants eurent l’occasion d’écrire des reportages, des poèmes ou des fictions dans la langue de Molière. Ces jeunes étudiants, qui vivaient leur réalité de francophones dans des milieux anglophones, ont donc eu le loisir de vivre une immersion complète dans leur propre langue d’origine. Ils eurent l’occasion de l’écrire, de la parler et de la chanter.