Les Haïtiens sont divisés sur une intervention militaire dans le pays
Radio-Canada
Bien que les groupes de citoyens et d'entreprises en Haïti soient divisés sur l'idée d'une intervention militaire au milieu des crises humanitaires et politiques, les experts ont averti vendredi les députés canadiens que le pays avait un besoin urgent d'aide.
Alors qu'un envoyé canadien de haut rang est déployé en Haïti pour discuter de solutions possibles, le chercheur en droits de la personne Gédéon Jean a brossé un tableau sombre pour les députés en disant : Haïti est au bord du précipice.
M. Jean faisait partie des témoins qui sont venus dire au sous-comité des droits internationaux de la personne des Communes qu'il devrait y avoir un plan largement accepté pour un gouvernement de transition en Haïti, au milieu d'un débat sur l'aide étrangère.
Ce pays n'a pas tenu de scrutin présidentiel depuis l'élection en 2016 de Jovenel Moïse, assassiné en juillet 2021. Depuis, le vide de pouvoir a permis à des gangs criminels et violents de prendre le contrôle d'infrastructures essentielles, entraînant des massacres et accentuant une épidémie de choléra.
Le gouvernement impopulaire à Port-au-Prince a demandé une intervention militaire étrangère pour créer un corridor humanitaire, une décision approuvée par le secrétaire général des Nations unies ainsi que par l'organisation non gouvernementale International Crisis Group.
En réponse, Ottawa a sanctionné une douzaine de politiciens et chefs d'entreprise haïtiens de haut rang, les accusant de financer les gangs. Et le premier ministre Justin Trudeau a dépêché en Haïti l'ambassadeur du Canada aux Nations unies, Bob Rae, pour tenter de trouver une voie de passage vers un consensus afin de sortir le pays de la crise.
Lorsque nous mettons cette pression sur l'élite politique et économique, nous pouvons éventuellement permettre un dialogue politique, et c'est pourquoi Bob Rae, en ce moment même où nous parlons, est en Haïti, a indiqué jeudi à la presse la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly. Notre objectif est de trouver des solutions par et pour les Haïtiens.
Plus tôt cette année, des responsables américains ont nommé le Canada comme chef de file possible d'une telle mission.
Mais certains Haïtiens rejettent fermement l'idée d'une intervention militaire étrangère. Le comité des Communes a ainsi entendu que cette intervention ne ferait que conduire à plus de chaos en Haïti.