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Les franco-Manitobains voudraient faire mentir Denise Bombardier
TVA Nouvelles
En octobre 2018, sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP) à Radio-Canada, notre regrettée collègue Denise Bombardier avait provoqué un tollé dans les communautés francophones du reste du Canada.
Son verdict: «À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba, j’y suis allée encore au mois de janvier chez les métis, là. On ne parle plus le français.»
La déclaration avait eu l’effet d’une gifle pour plusieurs, dont Chloé Freynet-Gagné, étudiante à l’époque, fille d’une famille de «résistants» francophones du quartier Saint-Boniface au Manitoba.
Tout de suite, elle eut l’idée d’inviter Denise Bombardier à la visiter chez elle pour lui montrer que la francophonie manitobaine est bel et bien vivante. La rencontre eut lieu quelques mois plus tard. C’est un des éléments forts de l’excellent documentaire Denise au pays des Francos, diffusé en 2019.
Lors de mon passage au Manitoba l’automne dernier, j’ai pu rencontrer à mon tour Freynet-Gagné. Nous avons eu une passionnante conversation au café Le Croissant, un des quelques endroits où, à Winnipeg, l’on peut passer sa commande en français sans hésitation.
Maintenant maître en droit constitutionnelle, passionnée de droit linguistique, Freynet-Gagné, 28 ans, est responsable du développement pédagogique pour le Centre canadien de français juridique.
Selon elle, les déclarations de Denise ont somme toute été l’occasion d’une prise de conscience et de nombreuses prises de parole.
À la sortie du documentaire, Freynet-Gagné a été invitée à son tour à TLMEP. Cette «saga» Bombardier, comme elle l’appelle, a été très intense: «De mon vivant, je n’avais pas vécu un tel moment de solidarité.»
Les données n’ont rien de rassurant, elle l’admet. «On ne porte pas des lunettes roses.» Majoritaire à la création du Manitoba au XIXe siècle, le poids du français s’était stabilisé à 5% à la fin du XXe. Mais les derniers recensements indiquent qu’il est désormais «la première langue officielle parlée» par moins de 3% des Manitobains. Denise n’a pas eu tort de le souligner.