Les exilés russes s'inquiètent du «scénario» à l'œuvre en Géorgie
TVA Nouvelles
Comme Ivan, 37 ans, nombre de Russes opposés au Kremlin et réfugiés en Géorgie observent avec envie les manifestations que suscite depuis des semaines dans ce pays une loi censée lutter ici aussi contre «l'influence étrangère», mais disent leur inquiétude de voir se répéter un scénario d'usure qu'ils ont vécu chez eux.
«Je sais exactement quelles sont les conséquences d'une telle loi», dit Ivan, en pleine manifestation à Tbilissi contre le texte voté cette semaine pour contrôler les ONG et les médias recevant des financements de l'étranger et que l'opposition géorgienne dit calquée sur une législation russe qui a contribué à réduire au silence en quelques années la société civile en Russie.
Comme des milliers d'autres Russes, Ivan, qui ne veut pas donner son nom de famille de peur de représailles contre ses proches, a quitté la Russie après que le Kremlin a déclenché en février 2022 son opération militaire en Ukraine et une nouvelle vague de répression. Nombre d'entre eux ont aussi fui la mobilisation qui menaçait de les plonger dans cette guerre meurtrière.
Ivan et son ami Sergueï, un Russe d'origine ukrainienne, ont participé aux manifestations de Tbilissi, dans lesquelles des milliers de Géorgiens scandaient «Non à la loi russe !».
«J'ai parfois été pris de jalousie parce que les gens ne sont pas sortis dans les rues comme ça en Russie», dit Sergueï, âgé lui aussi d'une trentaine d'années. «Et puis ces lois ont malheureusement été adoptées. Nous voyons ce qu'il advient maintenant, comment elles sont utilisées», ajoute-t-il.
La loi russe sur les «agents de l'étranger» avait en fait été votée en 2012 en Russie après plusieurs mois de manifestations massives à Moscou contre des fraudes présumées aux élections et une nouvelle élection de Vladimir Poutine. Cette mobilisation avait été finalement étouffée par la force, plusieurs lois répressives avaient été votées et les manifestations sont désormais impossibles en Russie.
«Je ne veux pas voir la Géorgie devenir une autre Russie ou un autre Bélarus», lance Sergueï.
Certains Russes ont rejoint les manifestants géorgiens, mais d'autres les soutiennent tout en se gardant de participer.
Ivan confie que l'atmosphère de ces rassemblements le rend «nostalgique» des dernières manifestations de 2017 et 2019 à Moscou, organisées pour l'essentiel par Alexeï Navalny, un opposant charismatique par la suite empoisonné en Sibérie, puis emprisonné pour «extrémisme» et finalement mort dans des circonstances obscures dans un camp de détention de l'Arctique en février dernier.