Les drogues sécuritaires, le nouveau front d’une guerre idéologique
Radio-Canada
Le débat sur l’approvisionnement sécuritaire en drogue fait rage en Alberta depuis plusieurs mois. Partisans et opposants de ce qu'on appelle dans le domaine l'approche de réduction des méfaits affirment que leur position est basée sur la science. Leurs points de vue semblent difficiles à réconcilier.
Devant le nombre record de surdoses mortelles enregistrées en Alberta l’an dernier, plusieurs militants pour la réduction des méfaits réclament la mise en place de programmes d’approvisionnement sécuritaires. Ceux-ci offrent des drogues de qualité médicale aux toxicomanes pour réduire les risques de surdoses mortelles.
Les partisans de ces programmes affirment qu'ils permettent de sauver des vies, de réduire le nombre de visites aux urgences des utilisateurs et de diminuer la participation de ces derniers à des activités criminelles.
Le ministre associé aux dépendances de l’Alberta, Mike Ellis, ne cache cependant pas ses doutes.
« J’ai des craintes, notamment celle que les drogues qui sont distribuées soient partagées ou revendues. »
L’Alberta est la province qui compte le plus de morts par surdose par habitant après la Colombie-Britannique. Ottawa finance depuis deux ans une vingtaine de projets pilotes d’approvisionnement sécuritaire. Aucun ne se trouve cependant en Alberta, en raison du manque d’appui du gouvernement provincial.
Pour étudier l’approvisionnement sécuritaire, l’Alberta a plutôt lancé un comité parlementaire qui a cependant été boycotté par l’opposition et par plusieurs groupes militants.
Les députés du Parti conservateur uni ont entendu une vingtaine de témoignages. La liste d’experts ne comptait cependant pas de chercheurs ou de professionnels de la santé associés à l’un des projets pilotes actuellement en cours au Canada.
Les inquiétudes du ministre Ellis reflètent celles de Keith Humphreys, professeur de psychiatrie de l’Université Standford, qui a conseillé les présidents américains Barack Obama et George W. Bush et qui a témoigné devant les parlementaires albertains.