
Les drogues du viol bien présentes sur le territoire estrien
Radio-Canada
Les drogues du viol représentent un problème important en Estrie, constate le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) Estrie. « Ce n'est vraiment pas rare qu'on va accompagner en Estrie des victimes qui croient avoir été droguées au GHB dans un établissement ou un restaurant.[...] Je pense que c'est effectivement un fléau », a confirmé l’intervenante et chargée de dossier Kelly Laramée au micro de Par ici l'info.
Le nombre total d’intoxications est difficile à préciser, constate-t-elle. On se déplace au CHUS de Fleurimont, qui est notre centre désigné pour les trousses médicales légales, environ de deux à trois fois par semaine. Sur ces fois-là, je vous dirais que la moitié du temps au moins c'est une personne qui doute d'avoir été droguée au GHB. Mais ce qui vient ajouter à la complexité de ces chiffres-là, c'est que souvent, c'est des femmes qu'on va rencontrer plus tard, en suivi ou qui vont faire une démarche, puis à ce moment-là, elles vont nous confier avoir vécu ce genre de situation.
« C'est difficile à quantifier, mais je vous dirais qu’on voit beaucoup de victimes. »
Kelly Laramée précise par ailleurs qu’au-delà du GHB, la drogue du viol numéro un, c'est l'alcool.
Mélangée au GHB, ça rend les les effets vraiment exponentiels, mais aussi [...] ce qu'on remarque, c'est que la majorité des victimes vont avoir consommé de l'alcool de façon volontaire ou involontaire, puis c'est vraiment un individu à ce moment-là qui va profiter de la vulnérabilité de la personne et l'agresser, explique-t-elle.
« Dans la majorité des situations, c'est l'alcool à la base. »
Elle soutient que la prévention auprès des restaurateurs et des bars demeure l’un des meilleurs moyens de lutter contre le problème.
La première chose, c'est de faire de la prévention, de la sensibilisation au niveau de son personnel [...], mais aussi d'avoir une politique claire de tolérance zéro, martèle-t-elle. De vraiment montrer que nous, si on a conscience que ça se passe dans notre établissement, on ne tolère pas ça, puis de ne pas avoir peur de responsabiliser justement son personnel à contacter une présence policière ou vraiment à prendre leurs responsabilités. Parce que ce qu'on remarque aussi, c'est que dans la plupart des cas, il y a des témoins, il y a des gens qui voient le GHB être mis dans un verre ou une situation où une personne est très vulnérable.
Certains établissements, dont l’Université de Sherbrooke, ont récemment commencé à distribuer des tests pour détecter les drogues du viol dans les boissons. Ces derniers représentent des outils intéressants, mais pas une panacée, soutient Kelly Laramée.