Les dirigeants ouest-africains exigent de nouveau des élections au Mali
Radio-Canada
Les dirigeants ouest-africains réunis en sommet au Nigeria dimanche ont de nouveau exigé des élections au Mali en février et imposeront des sanctions supplémentaires dès le 1er janvier sans engagement des autorités maliennes en ce sens.
Les chefs d'État, après de longs échanges, ont décidé de maintenir la date du 27 février 2022 pour l'organisation des élections au Mali. Ils ont décidé de l'entrée en vigueur de sanctions additionnelles en janvier 2022 si les autorités n'honorent pas leur engagement initial de tenir à cette date des élections censées ramener les civils au pouvoir, a dit devant la presse le président de la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Jean-Claude Kassi Brou.
La nature desdites sanctions n'a cependant pas été précisée. Le médiateur de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'OuestCEDEAO dans la crise, Goodluck Jonathan, se rendra dans les prochains jours au Mali pour des discussions avec les autorités, a précisé cette source.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'OuestCEDEAO est donc passée outre à la tentative d'apaisement du président de transition malien, le colonel Assimi Goïta, qui s'était engagé avant le sommet à soumettre un calendrier électoral avant le 31 janvier.
Avant le sommet, le colonel Goïta, arrivé à la tête du pays sahélien par un putsch en août 2020 et conforté par un second coup d'État en mai 2021, a écrit à la présidence en exercice de l'organisation.
La République du Mali, par ma voix, s'engage à vous fournir au plus tard le 31 janvier 2022 un chronogramme [calendrier] détaillé, a-t-il affirmé dans ce courrier de deux pages.
Lors du précédent sommet le 7 novembre, les dirigeants ouest-africains avaient pris acte de l'officialisation par les autorités maliennes qu'elles ne respecteraient pas leur engagement à organiser fin février 2022 des élections présidentielles et législatives qui ramèneraient les civils à la direction du pays, plongé dans une profonde crise aussi bien sécuritaire que politique et économique.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'OuestCEDEAO avait gelé les avoirs financiers et interdit de voyage au sein de l'espace ouest-africain tous ceux qu'elle jugeait coupables de retarder les élections : environ 150 personnalités, dont le premier ministre et quasiment tout le gouvernement, ainsi que leurs familles.
Pour justifier un report électoral dont on ignore la durée, le gouvernement malien invoque l'insécurité persistante. Depuis des insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012, ce pays pauvre et enclavé est livré aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe armé État islamique, ainsi qu’aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d'exactions.