Les dirigeants de Hockey Canada passeront un mauvais été
Radio-Canada
En deux petites heures à peine, les dirigeants de Hockey Canada ont réussi un exploit peu commun cette semaine : ils sont parvenus à faire l’unanimité contre eux à la Chambre des communes, au point où il est désormais très difficile d’imaginer que l’équipe de direction actuelle puisse survivre au plus gros scandale de l’histoire de cette fédération sportive.
On se serait attendu à ce qu’un présumé viol collectif impliquant huit joueurs de l’équipe nationale junior s’avère un événement particulièrement traumatisant pour Hockey Canada (HC), un événement tellement préoccupant que les dirigeants de cette fédération sportive auraient remué ciel et terre pour connaître le fond de l’histoire et pour suivre à la trace toutes les démarches destinées à assurer cette quête de la vérité.
Or, lundi dernier, le PDG sortant Tom Renney et son successeur Scott Smith (qui fait carrière à HC depuis des décennies) ont littéralement mis le feu aux poudres lors de leur comparution devant le comité permanent du Patrimoine. Ils sont arrivés mal préparés, ont manqué de transparence et ont fourni des explications irréconciliables avec les notions de leadership et de gros bon sens.
Une jeune femme de 20 ans prétendait avoir été agressée sexuellement par huit hockeyeurs en juin 2018 en marge d’un gala de la Fondation de Hockey Canada tenu à London, en Ontario.
D’une main, les dirigeants de HC ont commandé une enquête interne à un cabinet d’avocats torontois pour faire la lumière sur cette affaire. Toutefois, de l’autre main, ils n’ont obligé aucun des joueurs présents à London à collaborer avec les enquêteurs. L’enquête a évidemment échoué. Ils ont donc torpillé leur propre démarche.
Qui plus est, Renney et Smith ne s’entendaient même pas sur le nombre de joueurs qui ont collaboré avec les enquêteurs. Ça en dit long sur l’intérêt qu’ils ont accordé à cette épouvantable affaire.
Pendant quatre longues années, aucun des présumés agresseurs n’a donc été identifié, inquiété ou sanctionné. Et HC n’a pas cherché à en savoir davantage. Par contre, quand la présumée victime a intenté une poursuite civile de 3,55 millions de dollars en avril dernier contre Hockey Canada, contre les trois ligues de hockey junior majeur canadiennes et contre les huit présumés agresseurs, HC a assumé toute la responsabilité de l’affaire en concluant rapidement une entente à l'amiable assortie d’une clause de confidentialité.
Si Renney et Smith considéraient cette comparution au parlement comme une visite chez le dentiste, le flou artistique qui entoure leur gestion de cette affaire a tout changé. Les élus viennent de les attacher sur leur chaise et s’apprêtent à leur arracher les dents une par une.
Les prochains mois seront extrêmement difficiles pour Hockey Canada et pour les dirigeants du hockey junior majeur canadien.