Les couteaux volent bas aux Pays-d’en-Haut
Radio-Canada
« Ce n’est pas normal qu’un élu reçoive constamment la visite d’un huissier chez lui. Ce n’est pas normal. »
La mairesse sortante Nadine Brière a jeté l’éponge. Fatiguée par une âpre querelle qui divise la municipalité de Sainte-Adèle depuis trop longtemps, elle a annoncé cet été qu’elle quittait la politique après un mandat à la mairie et deux comme conseillère municipale.
On est des politiciens de proximité, mais jusqu'où ça va aller?, demande la mairesse dans son bureau presque vide, où s’empilent quelques boîtes éparses.
Depuis 15 ans, la municipalité de 14 000 habitants serait, selon elle, prise en otage par un riche citoyen de la région, Marc Lupien. Le conflit, qui concerne un simple droit de passage, s’est envenimé au point où l'homme d’affaires a décidé de poursuivre, au fil du temps, la mairesse, des élus et des fonctionnaires à titre personnel pour un total de 13 millions de dollars.
En mai dernier, Marc Lupien, qui nie l’interprétation des faits de la Ville dans cette histoire, a en outre demandé à la Cour supérieure la destitution de presque tous les élus à la suite d’un vote au conseil municipal sur le dossier de la croix. L’homme d’affaires estimait les élus en conflit d'intérêts. La procédure visait à intimider, juge plutôt Mme Brière.
La situation est devenue tellement intenable, dit-elle, que des conseillers faisant l’objet de la demande en destitution ne se représentent pas. Et d’autres citoyens ont été dissuadés de se lancer en politique pour les mêmes raisons, soutient-elle.
Là, il y a des gens qui se présentent aux élections, mais ça a été très difficile. Il y a un mois et demi, personne ne voulait se présenter, affirme la mairesse sortante, qui prendra deux années sabbatiques dès la fin de son mandat.