
Les coops funéraires, formule « révolutionnaire » au Québec, ont 50 ans
Radio-Canada
La coopérative funéraire des Deux Rives, la plus importante au Québec, célèbre son bicentenaire d'existence. Coup d'œil sur la naissance d'une formule unique en son genre.
Au début du 20e siècle, l'émergence de nouvelles méthodes d'embaumement et la popularisation des obsèques qui s'étalent désormais sur plusieurs jours, font exploser le coût des funérailles. À l'époque, les personnes endeuillées font affaire avec quelques entreprises privées, comme Urgèle-Bourgie à Montréal et la Maison Lépine (aujourd'hui Lépine-Cloutier) à Québec.
Il y avait vraiment un racket des funérailles, rapporte l'historien Denis Angers. On vous vend un cercueil 750 dollars qui a été payé 50 dollars dit-il.
Conséquence : plusieurs personnes moins bien nanties s'endettent pour pouvoir enterrer leurs proches.
C'est pour éviter cette situation qu'une première coopérative funéraire voit le jour en 1942 à Château-Richer, près de Québec. L'abbé Louis-Philippe Gravel et d'autres membres de la communauté religieuse locale cherchaient un moyen d'offrir des rites funéraires à coûts réduits.
C'est un peu, à l'époque, révolutionnaire, explique Denis Angers. La formule permet de faire baisser de façon significative le coût des obsèques. Le succès n'est toutefois pas instantané : des funérailles de qualité? À bon marché? L'idée prendra plusieurs années avant de faire son chemin dans la province. La bourgeoisie francophone de l'époque va également se méfier de ce modèle, note l'historien.
C'est vraiment dans les années 1970 que le modèle explose en popularité, selon l'historien, avec la création de multiples coopératives aux quatre coins du Québec.
Aujourd'hui, les coopératives détiennent plus de 50 % des parts de marché de l'industrie funéraire dans la province, une histoire à succès selon Alain Marcoux, directeur général de la Coopérative funéraire des Deux Rives. L'organisation basée à Québec regroupe 53 000 membres et dessert annuellement 2300 familles.
La coopérative est la propriété collective des membres, qui décident de la composition de son conseil d'administration. On n'est pas là pour faire des profits, pour verser à des actionnaires. On a besoin d'être rentables. Il faut l'être pour innover, mais l'objectif n'est pas d'augmenter la facture, mentionne Alain Marcoux.