
Les cinq ans du mouvement #MoiAussi : plus de dénonciations en Estrie
Radio-Canada
Il y a cinq ans, le mot-clic #MoiAussi faisait son entrée dans la sphère publique mondiale. Cette vague de dénonciations d'inconduites sexuelles a aussi déferlé sur l'Estrie.
Le mouvement #MoiAussi a vu le jour aux États-Unis, en 2017, lorsqu'un groupe de femmes se sont mises à dénoncer les gestes du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, qui sera condamné à 23 ans de prison.
Au Québec, le mouvement a également fait tomber plusieurs têtes. On peut penser aux dizaines d'allégations contre Éric Salvail ou les humoristes Julien Lacroix et Philippe Bond.
Mise à part la perte d'influence de ces personnalités publiques, plusieurs spécialistes de l'Estrie s'entendent pour dire que le mouvement #MoiAussi a eu des retombées positives au Québec et dans notre région même.
D'abord, les victimes se sentent moins seules et elles sont plus portées à prendre la parole pour dénoncer des actes d'inconduite sexuelle. La porte-parole du CALACS - Agression Estrie, Kelly Laramée, indique que le nombre de personnes prêtes à briser le silence et à demander de l'aide a doublé depuis cinq ans.
Avant le mot-clic #MeToo, on avait 900 victimes qui nous demandaient un suivi individuel avec une intervenante. L'année tout de suite après le mot-clic #MeToo, on montait à environ 1500 victimes, et certaines années on arrive même à 2000 demandes. On voit que ça a doublé, explique-t-elle.
Un autre effet de #MoiAussi est la présence importante de la notion de consentement, soutient la professeure titulaire au Département de psychoéducation à l'Université de Sherbrooke et membre de la Chaire de recherche sur les violences sexistes et sexuelles en milieu d'enseignement supérieur Geneviève Paquette.
Moi, je pensais faire une carrière dans le fond de mon bureau à l'université, je n'aurais jamais cru que tout ce qui s'est passé, sur le plan social, allait se passer. Avec MeToo, je pense qu'on est entré dans une nouvelle période où il n'y aura plus de recul sur certains aspects. C'est un message d'espoir pour les victimes, les survivantes, et pour nos enfants.
De plus, cette vague de dénonciations est venue élargir la définition de violence sexuelle, ajoute Geneviève Paquette. Auparavant, les violences sexuelles ne concernaient que les agressions avec contact et pénétration, ce qu'on appelle le viol, mais ça nous a permis de voir que les violences sexuelles peuvent aussi rassembler les agressions sans contacts.