Les CHSLD n’étaient dans aucun scénario de départ au Québec, souligne la protectrice
Radio-Canada
Il aura fallu la catastrophe du CHSLD Herron pour ajouter des mesures concrètes et applicables dans les milieux de vie pour aînés, déplore la protectrice du citoyen du Québec, Marie Rinfret. Elle a déposé mardi son rapport final pour cibler les causes de la crise dans les centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) durant la première vague de la pandémie.
Ses 11 constats accablants témoignent du manque de préparation des autorités sanitaires. La séquence des événements démontre que ce n’est qu’à partir de la mi-mars que le Québec a réellement pris conscience de la virulence du virus et qu’il fallait préparer les milieux de vie pour aînés. C’est pourtant un mois plus tard, alors que les éclosions se multipliaient dans les CHSLD et que les morts s’additionnaient à une vitesse fulgurante, que le personnel sur le terrain a finalement reçu des directives plus claires.
En janvier 2020, avant même que la COVID-19 se propage au Québec, tous les yeux étaient tournés vers l’Europe, durement frappée par le virus. L’Italie était confrontée à une augmentation exponentielle de cas nécessitant une intervention médicale. De plus en plus de personnes se voyaient refuser l’accès aux hôpitaux italiens, faute de ressources pour les accueillir.
Anticipant des problèmes semblables à ceux de l’Italie, le Québec a d’abord voulu protéger sa capacité hospitalière, en transférant des milliers de personnes hospitalisées vers des CHSLD.
La protectrice du citoyen remarque qu’aucune analyse des risques n’a été réalisée. Les CHSLD n’ont été pris en compte par aucun scénario.
Le 15 novembre, dans le cadre de l'enquête publique menée par la coroner Géhane Kamel, le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda, a pourtant affirmé que des discussions avaient eu lieu dès janvier 2020 concernant la vulnérabilité au coronavirus des aînés en CHSLD. Il a assuré que des protocoles étaient en place avant la pandémie pour la prévention et le contrôle des infections dans les CHSLD.
Dès la mi-mars, les transferts d’usagers dans les CHSLD ont suscité des inquiétudes, rappelle aussi la protectrice du citoyen dans son rapport. Entre autres, ils n'avaient pas d'équipements de protection individuelle pour les employés, il était difficile d’implanter des aires de confinement, ainsi que des zones froides et chaudes.
Un guide de mesures a été transmis au réseau de la santé le 12 mars, mais en pareil contexte, les directives pouvaient difficilement être mises en œuvre. Le guide faisait état de mesures tellement générales et peu opérationnelles qu’il était pratiquement impossible de les appliquer concrètement sur le terrain.
C’est donc en pleine crise, constatant que plusieurs CHSLD avaient perdu le contrôle des éclosions au début avril 2020, qu’il a fallu, précipitamment, remédier aux lacunes et redresser la situation, écrit Mme Rinfret. Des équipes ont été déployées, des annonces concernant la réaffectation des ressources humaines ont suivi, et des équipements ont été fournis à l’ensemble du personnel, notamment.