Les chars sont arrivés à Striguny et les résidents regardent incrédules
Radio-Canada
« Suivez-moi, ils sont par là… » On remonte dans la voiture sans poser trop de questions. Cela fait presque une heure que nous roulons sur une route de campagne et traversons plusieurs petits villages qui mènent à la frontière de l’Ukraine dans la région de Belgorod.
C’est une des nombreuses zones limitrophes où l’activité inhabituelle de l'armée russe a été détectée sur les images satellitaires qui circulent depuis Noël.
Notre équipe s’est arrêtée pour un café et pour de l'essence quand un homme s’est offert de nous guider vers Striguny, un village qui compte à peine 2000 habitants.
Un virage à gauche, 10 kilomètres plus tard en quittant la route principale et il n'en fallait pas plus pour arriver devant ce qui ressemble à un champ de bataille.
Un blindé, deux, trois… quatre et ça continue. Une colonne entière de ces blindés est immobilisée, avec plusieurs soldats assis ou debout sur un chemin de terre qui mène à la fromagerie du village.
Les clients s'arrêtent, certains bouche bée, pour prendre des photos ou des vidéos, car ils n’ont jamais rien vu de tel, grandeur nature.
Ils ne nous parlent pas vraiment, ils sont très discrets, mais il y en a un qui est venu demander s’il pouvait charger son téléphone ici, dit Marina Fabre, la propriétaire de la fromagerie.
Quand elle nous entend parler, son visage s'illumine et elle change immédiatement pour enchaîner en français. On est très inquiet, affirme Marina.
Son mari est originaire de France, mais elle, comme beaucoup dans la région, est moitié Russe moitié Ukrainienne. Elle dit que la cohabitation avec les soldats et les tanks est dure pour le moral. Pour elle, le plus difficile, c'est surtout de ne pas savoir exactement ce qu’ils ont l'intention de faire.