Les Carmélites de Dolbeau-Mistassini, dernières productrices d’hosties au Québec
Radio-Canada
Il n’y a plus que dix religieuses dans la province qui fabriquent les hosties destinées aux prêtres et aux fidèles de plusieurs villes du Québec et de l'Ontario. Depuis un an, les Carmélites de Dolbeau-Mistassini sont les seules religieuses à poursuivre cette tradition puisque la majeure partie de la production est désormais entre les mains d’entreprises privées.
Si la recette d'eau et de farine est simple, les sœurs la préparent avec minutie, cœur et respect depuis les années 80. Ça fait partie de notre participation à l’eucharistie, explique sœur Anne-Marie Tran. Quand le prêtre se lève et dit : ''Voici le fruit de la terre et le travail des hommes'', on se sent impliquées dans tout cela , ajoute la femme originaire du Vietnam. La cuisson, la coupe et l'emballage se font en priant.
Les hosties, qu'on appelle aussi pain eucharistique, ont d'abord été produites sur deux plaques. Mais depuis quelques années, elles sont cuites dans une machine plus productive donnée par le carmel de Trois-Rivières. Grâce au manège, comme les sœurs l'appellent, le nombre d'hosties conçues a considérablement augmenté. Les retailles s’étant ainsi multipliées, elles ont fait leur entrée dans plusieurs dépanneurs et épiceries du Lac-Saint-Jean.
Même si les Carmélites vieillissent, elles ont choisi de poursuivre cette tradition religieuse pour s'occuper, approvisionner les communautés de la région, employer des gens d'ici et surtout pour garder une communion avec tous [ceux] qui travaillent , selon la sœur supérieure du carmel, Denise-Thérèse Moussette.
Si les Carmélites sont les seules à confectionner le pain eucharistique, c'est en raison du vieillissement des communautés religieuses et des difficultés de recrutement. L'entreprise privée ayant pris le relais, recevoir une hostie préparée par les sœurs est un privilège pour les fidèles.
« Quand on connaît les Carmélites, on sait que c’est vraiment spécial cette œuvre qu’elles font. »
Soeur France Lamert, qui veille au grain depuis une trentaine d'années, craint maintenant que cette tradition qui lui est si chère ne disparaisse avec la communauté. La seule idée d'y penser la rend émotive. Quand on rentre, on est toutes jeunes, explique-t-elle, la gorge nouée. On voit vieillir [nos soeurs] et on vieillit aussi. Quand on rentre, on ne pense pas à ce qui peut arriver. C’est l’inconnu. Dieu nous conduit.
Malgré tout, les Carmélites comptent perpétuer fièrement cette tradition tant qu'elles le pourront. La soeur supérieure du carmel garde espoir de voir de nouveaux membres intégrer le monastère. On a deux, trois aspirantes, ce qui est rare, mais aspirer et rester, c’est deux, raconte-t-elle. Mais il faut aussi accepter que suivre le Christ passe des fois par la croix donc, ça se peut aussi qu’on soit obligées de dire adieu , conclut-elle.