Les cafés et thés desserts, populaires et surtout sucrés
Radio-Canada
Romane et ses amis, tous âgés de 12 ans, profitent du beau temps à la sortie de l’école pour siroter des cafés ou des thés dessert. L’ambiance est à la fête. L’adolescente commande la totale : un cappuccino au caramel, extra crème fouettée. Romane sait-elle que sa petite gâterie lui fait avaler plus de 70 g de sucre, ce qui dépasse largement la consommation quotidienne de 25 grammes de sucres libres recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS)?
Starbucks, Tim Hortons et McDonald sont les plus gros joueurs dans ce marché. Ces commerces deviennent des lieux de rencontre pour les adolescents ou les jeunes adultes. Ce n’est pas juste de prendre un café. C'est le café, l'expérience, le lieu, la rencontre, le wifi, constate Stéphane Mailhiot, président de l’agence Havas Montréal.
La Dre Julie St-Pierre, médecin spécialiste et pédiatre à la Maison de Santé Prévention, s’inquiète du phénomène de la fréquentation des chaînes de cafés chez les jeunes. L'industrie s'est immiscée subtilement, en exploitant le côté social des adolescents, avec des programmes parfois de fidélisation, beaucoup de marketing, et au bout du compte, des jeunes qui consomment trop de sucre liquide, explique-t-elle.
Le Dre Julie St-Pierre l’affirme sans détour : il ne faut pas prendre à la légère l’effet néfaste du sucre sur les enfants. Ils sont en train de développer une dépendance au sucre, bien connue, bien documentée, qui va être permanente pour le restant de leurs jours.
La plupart des grandes chaînes, notamment les cafés Starbucks, se sont adaptées aux préoccupations de leur clientèle en offrant des options à plus faible teneur en sucre et en gras. Malgré cela, les chaînes offrent des formats de plus en plus grands et des produits très riches en sucre et en gras.
Les cafés et thés desserts peuvent contenir de 60 à 100 grammes de sucre pour une seule boisson. C’est bien au-delà de la consommation journalière de 25 grammes de sucres libres suggérée par l’OMS.
Ce sont le sucre et le gras qui permettent de masquer le goût amer du café, et qui plaisent à une clientèle plus jeune.
La consommation de sucre à un jeune âge crée une certaine dépendance au niveau des systèmes de récompense du cerveau, explique Julie St-Pierre. Il y a des connexions qui se font encore. Une fois qu'on est allé stimuler trop souvent le centre du plaisir avec ces produits sucrés, on diminue les récepteurs du plaisir et on en veut toujours plus. Et ça va rester pour la future vie d'adulte.
Et il n’y a pas que sur le cerveau que le sucre cause des dommages. Qu'on soit en surpoids, en situation d'obésité ou qu'on soit mince, l'effet est le même. Tout le monde transforme au niveau de son foie le sucre en gras. Et ce gras, qui est caché au fond de notre abdomen, a des effets très néfastes sur l'inflammation, puis éventuellement sur le développement de la maladie cardiaque chez la personne adulte, dit Julie St-Pierre.