
Les artistes font front contre l’intelligence artificielle
Radio-Canada
Des années de pratique et des heures minutieuses de travail pour les êtres humains, contre quelques secondes pour la machine qui a avalé et digéré leurs œuvres : l'intelligence artificielle (IA) désespère les artistes, qui n’ont toutefois pas dit leur dernier mot, sur Internet ou au tribunal.
L'été dernier, des artistes ont découvert avec effroi que des programmes d'IA dite générative pouvaient désormais produire, sur simple requête, un dessin de chien comme Sarah Andersen ou une image de nymphe façon Karla Ortiz.
Une appropriation sans que les personnes intéressées n'aient donné leur consentement, soient créditées ou compensées financièrement, les 3 C au cœur de leur bataille.
En janvier, une plainte collective a été déposée contre Midjourney, Stable Diffusion et DreamUp, trois modèles d'IA formés grâce à des milliards d'images récoltées sur Internet.
Sarah Andersen, l'une des principales plaignantes, s'est sentie intimement lésée quand elle a vu un dessin généré avec son nom, dans le style de sa BD Fangs.
Sa réaction indignée sur Twitter a été largement relayée, puis d'autres artistes l'ont contactée. Nous espérons créer un précédent judiciaire et forcer les entreprises spécialisées dans I'IA à respecter des règles, indique-t-elle.
Les artistes veulent notamment pouvoir accepter ou refuser que leurs œuvres soient utilisées par un modèle – et non devoir demander leur retrait, même quand c'est possible.
Dans ces conditions, on pourrait imaginer un système de licences, mais seulement si les commissions sont suffisantes pour en vivre, note Karla Ortiz, une autre plaignante. Pas question de recevoir des centimes pendant que l'entreprise empoche des millions, insiste cette illustratrice qui a notamment travaillé pour les studios Marvel.
Sur les réseaux sociaux, des artistes racontent comment ils et elles ont perdu une grande partie de leurs contrats.