Les animaux abandonnés «traumatisés comme le serait un être humain»
Métro
Lorsque les Montréalais.e.s déménagent, plusieurs ne font pas leurs adieux qu’à un logis empli de souvenirs, mais également à un animal de compagnie.
Chaque année, la sempiternelle histoire se répète : la période des déménagements massifs à Montréal s’accompagne d’une vague d’abandons de chats, de chiens et autres lapins, qui aboutissent à la rue ou, dans le meilleur scénario, à la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA), située dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.
Le célèbre refuge recueille à l’heure actuelle plus d’un animal par jour abandonné en raison d’un déménagement et prédit malheureusement que « ce nombre augmentera encore durant l’été », indique-t-il par communiqué. « Tristement célèbre en raison du taux d’abandons record qu’elle génère chaque année, la période des déménagements s’annonce plus difficile que jamais à la SPCA en 2023. »
En cette Journée mondiale contre l’abandon des animaux de compagnie, Métro s’est tourné vers la directrice générale adjointe de la SPCA de Montréal, Laurence Massé, pour comprendre les difficultés auxquelles se heurtent ces animaux domestiques abandonnés.
L’an passé, la SPCA s’attendait à la vague d’abandons découlant de la fin de la pandémie, explique l’experte. Rappelons que beaucoup ont cherché à contrer la solitude pandémique en adoptant un animal. L’organisme a notamment observé une vague d’abandons de lapins. Toutefois, la SPCA ne s’attendait pas à faire face cette année à une hausse des abandons par rapport à l’an dernier, relève Laurence. Durant les quatre premiers mois de 2023, l’organisme a en effet recensé 21 % plus d’abandons qu’à la même période l’année précédente. « Un chiffre inquiétant », juge la directrice. L’inflation virulente et la crise du logement qui ébranle Montréal sont à la source de nombreux abandons cette année, a constaté la SPCA. « Déménagements, évictions, séparations, changement de propriétaire ou précarité financière » : voilà tant de raisons qui ont poussé des gens à se départir de leur compagnon poilu, énumère-t-elle dans un communiqué. « La hausse du coût de la vie et le manque de logements non seulement abordables, mais où les animaux sont permis, mettent de plus en plus de pression sur les organismes qui font partie du filet social, comme la SPCA de Montréal », y explique le directeur général de l’organisme, Anthony Johnson.
Pour un animal de compagnie, le geste de se faire abandonner est avant tout traumatisant, souligne d’emblée Laurence Massé, « comme ce le serait pour un être humain ». Bien que la SPCA veille tous les jours au bien-être des animaux, il demeure qu’un contexte de refuge est « stressant pour l’animal. Ce n’est pas agréable pour lui », indique-t-elle. Le confort n’y est pas comparable à celui d’un appartement ou d’une maison auprès d’une famille aimante. Dans ce contexte où cohabitent une diversité d’animaux… et de maladies — « qu’on contrôle extrêmement bien, on a une équipe de vétérinaires hallucinante! », s’exclame Laurence —, le système immunitaire de l’animal peut s’affaiblir, ce qui accroît ses risques de tomber malade.
Laissés à eux-mêmes dehors, les animaux domestiques ne sont évidemment pas préparés à certaines conditions climatiques telles que le froid ou la canicule. Des lapins abandonnés dans une boîte en plein hiver, la SPCA en a déjà trouvé. « Si quelqu’un ne les trouve pas en 24 heures, les lapins ne survivent pas au froid », rappelle la directrice.