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Les émotions avant les faits, lorsque vient le moment de sanctionner des criminels
Radio-Canada
Une personne trouvée coupable d'un crime mérite-t-elle ou non la prison? La réponse du public à cette question est grandement influencée par la colère intuitive, montrent les travaux de chercheurs québécois et ontariens associés à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), à l’Université McGill et à l’Université d’Ottawa.
La colère est partout. Elle est fréquemment observée dans l’espace public, des discours politiques aux chroniques d’humeur dans les médias. C’est aussi une émotion qui est prise en compte dans l’interprétation de l’opinion publique, particulièrement à la suite de sondages menés par les décideurs sur la criminalité.
La Pre Carolyn Côté-Lussier de l’INRS et ses collègues ont voulu comprendre le rôle joué par la colère intuitive, une réponse émotionnelle négative rapide, au moment de sanctionner des criminels.
Les résultats de leurs travaux montrent pour la première fois quand et comment l’émotion émerge lors de la prise de décision concernant l’incarcération ou non d’un criminel.
Les préférences punitives sont basées sur des intuitions qui sont des réactions assez automatiques sans effort, et qui ne sont pas forcément liées à un contexte, explique Carolyn Côté-Lussier, professeure d’études urbaines à l’INRS et professeure adjointe au Département de criminologie de l’Université d’Ottawa.
L’équipe du Pre Côté-Lussier a eu recours à l’électromyographie faciale (fEMG) pour mesurer les réactions émotionnelles de 87 participants qui devaient décider, en se fondant sur les photos d’une cinquantaine de criminels, si ces derniers devaient être condamnés à une peine de prison ou non. Les crimes n’étaient pas graves, c’étaient des crimes contre les biens ou des agressions mineures, rien de très sérieux, explique la professeure.
La décision devait être prise le plus rapidement possible en fonction de leur réaction instinctive.
Grâce à l’fEMG, on a mesuré des microexpressions qui se produisent à un niveau très subtil, parfois invisibles à l’œil nu, mais qu’on est capable de détecter. Ce ne sont pas des mouvements grossiers, affirme la Pre Côté-Lussier.
Le froncement des sourcils est habituellement associé à la colère, mais il peut aussi être lié à d’autres émotions négatives, comme le dégoût ou le malaise.