Le vrai coût de la Coupe du monde au Qatar
Radio-Canada
Le Qatar éblouit la planète depuis dimanche en accueillant la Coupe du monde de football à coups de milliards. De nouveaux stades climatisés équipés d’écrans de télévision sur chaque siège, des hôtels de luxe, de nouvelles routes et stations de métro, un train rapide, il n’y a pas de limite pour épater les visiteurs.
La pétromonarchie a investi 220 milliards de dollars depuis 10 ans. À titre comparatif, la Russie avait dépensé 12 milliards pour organiser le mondial en 2018; le Brésil, 14 milliards, en 2014. L’envers du décor, c’est que ceux qui ont construit tout cela l’ont fait au péril de leur vie et de leur santé.
Un million de travailleurs étrangers ont été mis à contribution depuis 2010, ce qui a fait grimper la population du Qatar de 1,8 à 2,9 millions. Ils viennent en majorité de l’Inde, du Népal, du Bangladesh et, dans une moindre mesure, de pays d’Afrique de l’Est.
Au Népal, des collègues ont retrouvé pour nous certains de ces travailleurs. Birendra Pasman, un père de famille âgé de 35 ans, a travaillé sur les chantiers au Qatar pendant quatre ans. Il touchait 300 $ par mois. Si on ajoute les allocations de repas et de logement, cela équivaut à un revenu de près de 500 $ par mois.
Un revenu qui peut sembler misérable, mais c’est beaucoup plus que ce que Birendra gagnait dans les champs au Népal.
« Je suis allé au Qatar parce que je voulais payer une bonne éducation à mes enfants, pour qu’ils puissent devenir médecins ou ingénieurs. »
Comme aide-électricien, Birendra faisait un labeur physique pénible. Il travaillait six longues journées par semaine, sous une chaleur torride, au-dessus de 40 degrés durant les mois d’été. Je devais transporter des câbles très lourds et les installer, explique-t-il. Pendant les trois premières années, tout allait bien, puis j’ai commencé à avoir mal à une jambe.
Birendra s’est blessé à la jambe plusieurs fois, mais il prenait des antidouleurs pour continuer de travailler, jusqu’à ce qu’il peine à tenir debout.
Craignant qu’au Qatar on lui ampute la jambe, il a attendu ses vacances annuelles pour consulter au Népal. Les médecins m’ont dit que mes os se désintégraient, qu’ils étaient abîmés dans toute ma jambe, se rappelle-t-il.