Le troisième lien n’est pas une catastrophe
TVA Nouvelles
Le point de départ de ce dossier est la congestion des deux ponts de Québec pendant de longues heures tous les jours. C’est un fait indéniable et c’est une situation qui va empirer en raison de l’augmentation prévue de la population et du parc automobile de Québec et de Lévis.
Pour contrer cette évolution, qu’est-ce qu’un gouvernement peut faire? Limiter, voire diminuer, l’accroissement des véhicules? Empêcher les déménagements inter-rives? Ce type de solutions et les moyens qui seront nécessaires pour les mettre en œuvre ne recevront pas facilement l’aval des populations concernées. Le troisième lien s’impose d’emblée comme l’alternative la plus simple et non comme la catastrophe écologique annoncée par certains.
La congestion des ponts ne constitue pas seulement un problème de circulation. C’est aussi un problème de sécurité. On a vu encore récemment que lorsque l’un des deux ponts est bloqué par des travaux (ce sont des infrastructures qui vieillissent) ou par des accidents (dont le risque augmente avec le nombre de véhicules), ce sont tous les services publics de santé et de sécurité qui sont entravés.
C’est également le développement économique qui est affecté car il repose sur la fluidité des échanges de biens et de personnes entre les deux rives du fleuve St-Laurent. Des deux côtés, les entreprises se développent, investissent, créent de l’emploi et de la prospérité. Leurs besoins en main-d’œuvre
croissent et attirent plus de gens de part et d’autre du fleuve. Une meilleure connexion inter-rives est devenue nécessaire. Attendre encore ne fera qu’aggraver le problème et restreindre les possibilités de développement régional.
Que le gouvernement pense en termes de développement régional, c’est son rôle et la perspective qui doit être la sienne. On attend de lui qu’il s’élève au-dessus de la mêlée et priorise l’intérêt collectif sur les attentes particulières de chacune des parties. On a vu dans le passé les difficultés qu’ont les deux villes à s’entendre sur des projets communs de transport intégré.
Il serait illusoire par ailleurs de penser qu’améliorer la circulation automobile dans chacune des villes contribuerait à alléger la circulation aux ponts.
En ce sens, opposer le tramway au troisième lien, comme certains le font, constitue une aberration parce que l’un et l’autre ne poursuivent pas les mêmes fins. De même pour Lévis avec ses parcours structurants d’autobus. Certes, dans les deux cas, il est légitime de chercher une circulation plus fluide par des transports collectifs améliorés mais penser que leur effet sur la congestion des ponts serait déterminant est peu réaliste.
Leur effet ne pourrait être que limités. Ce qu’il faut, c’est un système intégré de transport entre les deux rives. Dans cette perspective, l’ajout d’un troisième lien Québec-Lévis apparaît comme le chainon manquant pour revoir dans un contexte dynamique l’interconnexion des deux rives tout en intégrant les différents modes de transport. Profitons de l’occasion qui est offerte plutôt que de tenter de la torpiller et que les deux villes travaillent avec le gouvernement du Québec pour faire en sorte que le projet de système intégré de transport soit le mieux adapté à leurs besoins. Ce genre d’opportunité pourrait ne pas revenir avant longtemps.