Le travail des déneigeurs en quelques questions Le travail des déneigeurs en quelques questions
Radio-Canada
Quel est le profil type des opérateurs derrière le volant?
Gilles Payer : Ce sont évidemment du personnel spécialisé, des détenteurs de permis classe 1, 2 et 3 avec un cours spécialisé en machinerie lourde et qui ont de l’expérience. D’ailleurs le ministère recrute en continu. Ça prend une vocation de service public aussi. Il y a des formations. À partir du moment où la personne travaille pour le ministère, il y a une formation sur route, des exercices de déneigement avant la saison. Il y a un questionnaire pour vérifier si tout est bien assimilé. Il y a des rondes de sécurité à faire, des heures de conduite, de repas. Tout ça est un grand tout qui fait que c’est une job spécialisée comme on dit. On ne manque pas de personnel. On doit être en fonction 24/7. Il faut savoir que le ministère assume en Abitibi[-Témiscamingue] environ 16 % du déneigement. Le reste est assumé par des gens à contrat ou des ententes avec des municipalités qui ont aussi bien sûr l’équipement et le personnel.
Donc les routes principales comme la route 117, la transcanadienne, le ministère est sur ces routes là?
G.P. : Règle générale, le ministère assume ce qu’on appelle le réseau stratégique, donc les routes qui sont très très importantes avec beaucoup de monde dessus. La sécurité n’est évidemment jamais un compromis sur n’importe quelle route, mais le ministère se garde des routes qui sont à proximité de ses centres de services. On en a à Val-d’Or, à Ville-Marie, à Rouyn-Noranda, à Amos alors forcément c’est une question de géographie. On n’envoie pas une charrue à 100 kilomètres pour faire un travail. Il faut avoir une proximité du quartier général, on va dire ça comme ça.
Est-ce surtout des hommes? Je vois des femmes aussi, mais avez-vous une idée de la proportion?
G.P. : Si vous croisez des femmes c’est parce que vous êtes trop proche du camion monsieur Chabot! (rires) Effectivement, c’est un métier qui est principalement masculin par habitude, mais il y a des conductrices de chasse-neige.
Vous avez parlé d’être trop près du camion, j’imagine que c’est quelque chose qui agace les opérateurs?
G.P. : C’est parce que c’est dangereux. Quand je parle à des gens qui font du déneigement, la chose qui les préoccupe le plus c’est évidemment de bien faire leur travail, mais il faut que ce soit sécuritaire pour tout le monde. Les gens sont impatients derrière la déneigeuse. On peut comprendre, ils ne peuvent pas rouler vite par souci de sécurité et d’un travail bien fait. Ce serait dangereux d’envoyer la neige trop loin et d’envoyer le sel dans le fossé et d’asperger les véhicules qui viennent en sens inverse, etc. Quand on dépasse une déneigeuse, c’est périlleux. Évidemment, vous arrivez dans une place qui n’est pas déblayée par définition, si vous allez au-devant de la déneigeuse. Alors prenez votre mal en patience, tenez-vous loin derrière parce qu’il y a beaucoup d’angles morts dans ces camions-là. Si vous montez à bord d’un camion comme ça, c’est étourdissant, c’est vertigineux la hauteur que vous avez. Quand vous déployez la pelle de côté, il y a deux pelles sur la déneigeuse, c’est comme si vous conduisez deux voitures de larges. C’est quelque chose. Ça prend beaucoup d’attention et en plus vous manipulez un épandeur de sel ou d’abrasif. Vous êtes multitâches quand vous êtes au volant. C’est un peu comme conduire un avion.