Le tiers des piétons tués à Montréal à cause d’un angle mort méconnu
TVA Nouvelles
Une aînée a été happée mortellement par un VUS en traversant une intersection achalandée parce qu’elle s’est retrouvée dans un angle mort créé par un pilier de pare-brise, une cause trop méconnue, mais qui concerne pourtant le tiers des décès de piétons à Montréal.
Par une journée froide de novembre, Huguette Brisebois traversait la rue lorsqu’elle a été happée par un conducteur qui tournait à gauche, à l’intersection de Saint-Denis et Beaubien. Le feu était vert et elle marchait de façon sécuritaire à l’endroit désigné pour les piétons.
Mais la dame âgée de 89 ans s’est malheureusement retrouvée dans l’angle mort du Dodge Journey créé par le pilier du pare-brise côté conducteur, aussi appelé «pilier A». Elle est décédée d’un traumatisme crânien sévère.
Avec son rapport récemment rendu public, la coroner Me Laurence Sarrazin souhaite mettre en lumière l’existence même de cet angle mort, qui est encore trop peu connu. Le pilier qui supporte le toit d’un véhicule cache parfois d’autres usagers.
En 2022, la SAAQ a apporté des modifications au guide de formation des apprentis conducteurs afin de mettre en évidence cette zone, à la suite de recommandations d’autres coroners.
«Mais je souhaite poursuivre la sensibilisation auprès des conducteurs plus expérimentés, qui n’ont pas vu cet aspect-là dans leur cours de conduite», précise Me Sarrazin.
Les chiffres sont alarmants. Entre 2019 et 2023, un décès de piéton sur trois dans la métropole impliquerait l’angle mort créé par le pilier A, selon des statistiques de la police de Montréal révélées dans le rapport de la coroner.
Car pour protéger ceux qui prennent place à bord, les véhicules sont construits généralement de façon plus sécuritaire, donc plus robuste. «Ce pilier-là est donc plus imposant qu’il y a quelques années», explique Me Laurence Sarrazin.
«Sur nos routes, il y a aussi toujours plus de VUS – qui ont un plus grand angle mort – ce qui peut avoir une influence sur le fait que ce type de collisions surviennent plus souvent», s’inquiète Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec.