Le temps des framboises : Philippe Falardeau fait de la télé comme au cinéma
Radio-Canada
Des plans rapprochés d’insectes en ouverture du premier épisode jusqu’à la musique en ponctuation, la signature de Philippe Falardeau imprègne la série Le temps des framboises. Le réalisateur gatinois a creusé ses sillons de prédilection pour sa première incursion à la télévision.
Ma façon de me repérer, ça a été de dire à tous les collaborateurs : “ On fait un film '', explique Philippe Falardeau.
Ce dernier a dirigé Le temps des framboises en développant l’arc narratif sur sept heures et demie et non sur un épisode . Le cinéaste ne pouvait raconter autrement l’histoire d’Élizabeth (Sandrine Bisson), une néophyte qui hérite de l’entreprise agricole familiale après le décès de son mari et doit gérer les travailleurs étrangers de la ferme, en plus de composer avec ses deux fils et le reste du clan mené par sa belle-mère (Micheline Lanctôt).
De dire : '' OK, là, ça nous prend un début, un milieu et une fin avant la première pause publicitaire de l’épisode '', ça ne m’intéressait pas , précise Philippe Falardeau. Ça m’intéressait de construire avec une vision macroscopique et ensuite d’utiliser un langage qui s'apparente à celui que j'utilise dans mes films.
Car le cinéaste ne s’est pas levé un matin avec l’envie de passer du grand au petit écran. L’idée lui est venue d’un désir de collaborer avec Florence Longpré, dont la plume libre de M’entends-tu? l’a séduit.
La comédienne et autrice était toute désignée pour raconter une réalité qui intriguait Philippe Falardeau depuis l’époque du tournage de son long métrage Congorama, en 2006, alors qu’il croisait régulièrement des autobus transportant des employés saisonniers venus de l’étranger pour travailler dans les champs québécois.
Florence Longpré et la co-autrice Suzie Bouchard ont effectué un long travail de recherche avant de développer le scénario. Il fallait explorer le quotidien des agriculteurs pour essayer d’illustrer des murs invisibles qui existent entre des gens qui se côtoient depuis des années, qui ne se fréquentent pas vraiment et qui ne se parlent pas vraiment , détaille le réalisateur. La série aborde ça avec beaucoup de tendresse, beaucoup d’humour aussi.
« C’est vraiment un tandem assez spécial qui a accouché d’un univers qu’on ne voit pas souvent en série québécoise et qui, pourtant, était sous nos yeux depuis des décennies. »
Drame familial, détresse psychologique, relations entre une mère et ses fils adolescents, surdité, résilience : Le temps des framboises se dévoile en couches finement superposées sur un canevas rural.