
Le taux directeur monte-t-il trop haut, trop vite?
Radio-Canada
En début de semaine, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a lancé un pavé dans la mare. Selon lui, la Banque du Canada use de mesures « trop agressives » et risque de provoquer une « récession imminente ». Le Canada est incidemment le pays du G7 à avoir augmenté le plus rapidement son taux directeur.
Cette solution unique à l’inflation jette déjà les bases d’une récession et rend la vie difficile à la plupart des gens, a-t-il écrit au premier ministre Justin Trudeau.
Il n’est pas le seul à critiquer la banque centrale. Pendant la course à la chefferie, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, avait promis qu’il allait congédier le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.
Ces critiques ont aussi leurs échos ailleurs dans le monde. En Finlande, la première ministre Sanna Marin a retweeté un lien d’un article qui affirmait que les banques centrales protègent leur crédibilité en plongeant les économies dans la récession. L’ancien Nobel d’économie, l’Américain Joseph Stiglitz, qualifie quant à lui les mesures actuelles de saignées qui risquent d’aggraver encore plus la situation.
Trop vite et mal adapté, disent certains
En entrevue à Zone économie avec Gérald Fillion, la sénatrice indépendante et économiste Diane Bellemare a ajouté sa voix au débat. Selon elle, la Banque du Canada va trop vite et risque de faire mal aux ménages canadiens.
Il fallait augmenter les taux d’intérêt. [Cependant], je pense qu’ils augmentent trop rapidement. [...] Dans le contexte actuel où il y a beaucoup d’incertitudes, la hausse devrait être plus lente et progressive, a-t-elle indiqué.
Mme Bellemare affirme que l’inflation actuelle est davantage liée à l’offre, à la chaîne d’approvisionnement et à la guerre en Ukraine qu’à la demande. Elle croit donc que la politique monétaire de la Banque du Canada, qui vise à freiner cette dernière en haussant les taux d’intérêt, n’est pas la bonne.
Quand on a une inflation par la demande, là, la politique monétaire est appropriée. Mais quand on a une inflation par l’offre, par les chaînes d’approvisionnement, comme nous connaissons actuellement, c’est un outil qu’il faut manœuvrer avec beaucoup de doigté.