Le témoignage de Jean Charest aurait été « inutile », dit l’ex-commissaire Charbonneau
Radio-Canada
Selon celle qui a présidé la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, faire témoigner Jean Charest n'aurait pas été utile, d'autant plus qu'une telle manœuvre aurait pu nuire à d'autres procédures judiciaires qui se déroulaient en parallèle.
Nous avions ramassé toute la preuve nécessaire, a-t-elle dit, faisant référence aux révélations de la Commission sur les liens entre le financement politique et l'attribution de contrats publics.
C'est pourquoi, en ce qui avait trait au témoignage de Jean Charest, le jeu n'en valait pas la chandelle ».
La magistrate explique qu'un tel témoignage aurait pu nuire aux enquêtes en cours sur les mêmes questions, notamment parce que les révélations publiques de M. Charest n'auraient pu être utilisées par les enquêteurs de l'Unité permanente anticorruption (UPAC).
Celle qui est aujourd'hui juge à la Cour supérieure insiste toutefois pour dire que M. Charest aurait pu témoigner s'il l'avait souhaité, une semaine après que ce dernier ait qualifié la décision de ne pas l'avoir invité à témoigner de drôle lors d'une entrevue sur le même plateau.
Si lui avait insisté pour être entendu, comme l'a fait [Guy Chevrette, ancien ministre péquiste des Transports] on l'aurait entendu, et ça, ça aurait changé toute la donne, a-t-elle affirmé. La Commission, explique-t-elle, ne voulait pas prendre la chance de voir des preuves dérivées d'un témoignage obtenu par contrainte être éventuellement rayées et rejetées lors d'un éventuel procès en vertu du droit de ne pas s'autoincriminer.
France Charbonneau a également été questionnée sur la fameuse dissidence d'un de ses co-commissaires, Renaud Lachance. Ce dernier s'était dissocié du rapport final de la Commission en refusant de reconnaître un lien direct ou indirect entre le versement d'une contribution politique et l'octroi de contrats publics.
L'ancien premier ministre Jean Charest s'est d'ailleurs appuyé sur cette dissidence pour se défendre d'allégations de stratégies illicites de financement au Parti libéral du Québec sous sa gouverne.
L'ex-commissaire a qualifié cette dissidence de malheureuse.