Le stade, le coût nul et les chats
Radio-Canada
Et si, pour une fois, on appelait un chat, un chat?
Alors que le baseball majeur vient de s’engouffrer dans un lock-out qui s’annonce long et pénible, le gouvernement de François Legault commence à lancer des ballons politiques pour tester son idée de financer un stade de baseball au centre-ville de Montréal.
Mardi matin, La Presse publiait deux articles fort intéressants dans lesquels, soutenait-on, le gouvernement du Québec n’aurait pas pas encore décidé si des fonds publics seront utilisés afin de financer une partie de la construction d’un stade de baseball qui accueillerait, à demi-temps, les Rays de Tampa Bay.
Le ballon-sonde surgissait toutefois rapidement dans le décor. Si le gouvernement devait décider de lancer des centaines de millions dans ce projet, ce serait à coût nul pour les contribuables, rassurait-on.
Ouf! Voilà la population rassurée.
Le hic, c’est que les investissements publics dans les stades et les amphithéâtres ne se font jamais à coût nul pour les contribuables. Ça n’arrive tout simplement pas. Même si on prétend, comme c’est le cas présentement, qu’on utiliserait les impôts payés par les joueurs pour financer le stade, ou que les retombées économiques provenant de l’étranger (le tourisme) finiront par effacer les centaines de millions engloutis dans le stade.
Les plus fins observateurs auront donc remarqué que si la décision de financer un stade n’est pas encore prise, les calculs justifiant la signature d’un éventuel chèque semblent pas mal complétés.
Pour l’originalité, les faiseurs d’images du gouvernement devront donc repasser. Car la théorie du coût nul est un argument qu’invoquent tous les promoteurs qui souhaitent se faire construire un stade ou un aréna aux frais des contribuables. Sauf qu’au fil des ans, ces prétentions ont été mille fois démolies par d’innombrables études menées par des économistes de renom.
En mars dernier, quand le premier ministre avait lui-même soutenu que les retombées économiques d’une demi-équipe de baseball justifieraient une participation financière du gouvernement, j’avais d’ailleurs publié cette chronique. Ce texte rappelait à quel point les retombées engendrées par la présence d’une équipe de sport professionnel sont négligeables. Et qu’au bout du compte, les contribuables ne sortent jamais gagnants de ce genre de manoeuvre.