
Le signal du prix peut-il s’appliquer aux soins de santé?
Radio-Canada
Les économistes expliquent souvent qu’une taxe, un tarif ou une hausse de prix sont les meilleurs moyens de faire changer un comportement. La contribution santé de François Legault pour les personnes non vaccinées pourrait-elle inciter les récalcitrants à aller chercher, enfin, une première dose de vaccin contre la COVID-19?
Nous n’avons pas encore les détails au sujet de la proposition du premier ministre du Québec, une petite bombe fiscale tombée au cœur d’un point de presse qui avait pour objectif d’expliquer le départ du Dr Horacio Arruda à titre de directeur national de santé publique du Québec.
La meilleure défensive, c’est l’attaque, semble-t-il. François Legault l’a bien compris. Sa proposition inattendue amène le débat ailleurs, loin du questionnement insistant sur sa gestion de la crise au cours des derniers jours.
Non seulement impose-t-il un nouveau thème dans la discussion, mais, à l’instar du président français Emmanuel Macron, qui a dit vouloir emmerder les non-vaccinés, le premier ministre oblige aussi les partis d’opposition à être d’accord avec lui ou à défendre les droits des personnes non vaccinées.
Voilà pour l’aspect politique des choses. Maintenant, sur le plan financier, à quoi pourrait ressembler une contribution santé pour les personnes non vaccinées si, d’aventure, cette proposition devait se concrétiser?
Plusieurs questions se posent sur la faisabilité d’une telle mesure. Comment les citoyens feraient-ils leur déclaration de vaccination? Le gouvernement demanderait-il au ministère de la Santé de transmettre l’information à Revenu Québec? La protection des informations personnelles sur la santé est-elle en jeu avec une telle proposition?
Et puis combien devrait payer une personne qui décide finalement de se faire vacciner au début de 2023? Par ailleurs, l’impôt serait-il appliqué en fonction du revenu gagné?
Instaurer une telle contribution respecterait-elle la Loi canadienne sur la santé, qui assure l’accès à des soins de santé pour tous sans frais supplémentaires? Le fait d’instaurer une contribution santé pour tous, avec un crédit d’impôt pour les personnes vaccinées, permettrait-il ainsi de respecter les fondements de la Loi?
Deux experts en matière de politique de santé, les professeurs Olivier Jacques, de l'Université de Montréal, et Damien Contandriopoulos, de l’Université de Victoria, sont d’avis que cette politique est inadéquate.