Le secret du doigt allongé de l’aye-aye dévoilé… Et il n’est pas appétissant!
Radio-Canada
L'aye-aye est le plus récent ajout au club exclusif des animaux qui se nettoient le nez avec les doigts et mangent le mucus qui s’y trouve.
Ce primate de la taille d’un gros chat, qui peuple les forêts de Madagascar, peut cependant compter sur un outil redoutable pour arriver à atteindre son garde-manger nasal qu’aucune autre espèce animale ne possède : un doigt étroit long de 8 centimètres.
Depuis sa première description en 1782 par le naturaliste français Pierre Sonnerat, l'aye-aye ne cesse d’intriguer les scientifiques en raison de son apparence pour le moins singulière.
L'aye-aye (Daubentonia madagascariensis) est un lémurien de 75 à 90 cm de long (de 44 à 53 cm uniquement pour la queue) insectivore et frugivore dont les incisives rappellent celles des rongeurs, les oreilles pointues celles des chauves-souris et la queue touffue celle des écureuils.
Les ayes-ayes possèdent aussi six doigts sur chaque main, dont un pseudo-pouce qui les aide à s'agripper. Mais l’animal est surtout doté de deux doigts extrêmement longs. Les biologistes ont longtemps pensé qu’il lui servait à atteindre les insectes cachés sous l’écorce, à se toiletter et à se gratter. Or, de récentes observations réalisées par une équipe internationale de scientifiques montrent que ce lémurien insère tout son majeur extralong dans ses voies nasales jusqu’à la gorge pour ensuite le lécher et ingérer le mucus nasal recueilli.
Le recours à un doigt pour se décrotter le nez, un comportement appelé rhinotillexomanie, est observé chez au moins 12 autres espèces, dont les humains, les chimpanzés, les macaques et les gorilles.
Dans leurs travaux publiés dans le Journal of zoology (Nouvelle fenêtre) (en anglais), les chercheurs annoncent avoir observé pour la première fois ce comportement chez un aye-aye en captivité surnommé Kali qui vit dans un sanctuaire en Caroline du Nord.
La zoologiste Anne-Claire Fabre et ses collègues décrivent aussi dans leur étude l'anatomie interne de la cavité nasale de l'aye-aye et expliquent comment l’animal peut introduire son doigt entier dans son nez pour se rendre jusqu’au pharynx. Ils documentent aussi les autres espèces de primates qui se curent le nez.
Est-ce que cette habileté à s’introduire un doigt dans le nez permet de soulager des irritations, de soutenir le système immunitaire? Les auteurs aimeraient maintenant réaliser d'autres études pour mieux documenter le comportement chez d'autres espèces de primates et chez des vertébrés et, ainsi, peut-être réussir à expliquer son rôle fonctionnel et son intérêt sur le plan évolutif.