
Le retour aux sources de Manon Massé
Radio-Canada
Mardi soir, dans un centre communautaire du quartier Limoilou à Québec, des opposants au troisième lien font la file pour participer à une assemblée citoyenne organisée par Québec solidaire (QS). Dans un coin de la scène, Manon Massé sourit, heureuse de voir l'assemblée prendre forme. Le bourdonnement des discussions sonne comme une douce musique à ses oreilles.
Toute ma vie a été de mettre ensemble des gens pour faire advenir quelque chose de plus grand, alors c'est sûr que pour moi, d'être assise devant des politiciens où, quand on pose une question, on n'a pas de réponse, ça m'use, raconte-t-elle.
La doyenne de la députation de QSQuébec solidaire à l'Assemblée nationale a cédé sa place de cheffe parlementaire en juin dernier à son co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois. Je suis dans un rôle qui m'éteint, avait-elle dit pour expliquer sa décision. Depuis, elle est revenue aux sources, sur le terrain, avec les militants.
À 58 ans, l'organisatrice communautaire de carrière n'allait pas laisser la flamme s'éteindre. C'est en passant le flambeau qu'elle garde l'étincelle.
Passer le flambeau à l'autre génération, ça me donne espoir, et je pense que c'est ça qui me rend de bonne humeur, répond-elle lorsqu'on l'interroge sur son choix de laisser sa place à Gabriel Nadeau-Dubois. Pour Manon Massé, c'est tout simplement la suite logique des choses.
Je savais, il y a 15 ans, quand on a fondé Québec solidaire, qu'il fallait mettre sur pied un véhicule politique qui allait permettre à la génération qui est là présentement de prendre le relais, et c'est ça que j'ai fait. Gabriel représente cette génération-là, alors je lui passe le relais tout en continuant de courir à côté de lui, explique-t-elle.
« Je vois Gabriel [Nadeau-Dubois] qui apprend à identifier le carré de sable dans lequel il joue, et ça, ça me plaît. »
Un changement qui donne un nouveau style au parti au Salon bleu. Sous le règne de Manon Massé, le premier ministre parlait de QSQuébec solidaire comme d'un parti prêt à dépenser sans compter. Aujourd'hui, François Legault qualifie plutôt Gabriel Nadeau-Dubois de woke.
On a deux manières très différentes de s'exprimer, mais M. Legault, lui, utilise toujours des étiquettes quand il n'a pas plus d'arguments. Il en a utilisé avec moi et il en utilise avec Gabriel, analyse Manon Massé, qui croit que QSQuébec solidaire fait de plus en plus peur à ses adversaires.