
Le rappeur anichinabé Samian dénonce le quota de français imposé par le FICG
Radio-Canada
Le rappeur et producteur anichinabé Samian déplore que le Festival international de la chanson de Granby (FICG) veuille lui imposer de présenter une majorité de chansons en français lors de l'événement, alors que son dernier album est entièrement en algonquin.
J’étais super content qu’on m’invite à ce festival-là, je ne suis jamais allé jouer là-bas. Vers la fin de la semaine dernière, finalement, on me revient avec un certain pourcentage de français par rapport à l’algonquin. Ils veulent que le spectacle soit 100 % en français, mais on m’ouvre une porte à me dire "pour toi, on est prêt à mettre le spectacle 80 % en français et 20 % en algonquin", explique-t-il.
« Le spectacle vient tel quel. Mon dernier album était en algonquin. Pour moi, le spectacle est à prendre ou à laisser, ils l’ont laissé. Je trouve ça vraiment insultant. »
Lundi, l’artiste a déploré ce dénouement sur les réseaux sociaux. Mardi, sa publication Facebook avait été partagée plus de 2000 fois. Samian s’explique toujours mal la décision du Festival international de la chanson de GranbyFICG.
Est-ce que c’est la subvention, est-ce que c’est le programmateur, est-ce que c’est les diffuseurs? Je comprends qu’on veut avoir des festivals francophones, je comprends le combat de la langue française par rapport à l’anglais, par exemple, mais les langues autochtones ne sont pas menaçantes, elles sont menacées, souligne-t-il. De demander à un artiste autochtone "Finalement, ton spectacle va devoir être adapté à nos conditions. Ce soir, on va te demander d’être 80 % québécois et 20 % autochtone." Est-ce que ça a encore sa place en 2022?
Samian ajoute que la promotion et la sauvegarde du français ne devraient pas être une raison d’exclure les langues autochtones.
Pour nous, l’anglais, le français, ce sont deux langues coloniales. Ce n’est pas notre combat, on n’a pas à se mêler à cette chicane-là entre les anglophones et les francophones. On est souvent l’entité manquante autour de la table. [...] Des langues autochtones, juste au Québec, il y en a 11. Je pense que les festivals anglophones et francophones, ce serait tout à leur honneur de vouloir en faire la promotion.
« C’est un pas de recul à une époque où on avance et c’est plate, c’est vraiment décevant. »
Il dit avoir parlé publiquement de cet enjeu pour lancer un message aux jeunes artistes autochtones qui choisissent de chanter dans leur langue. C’est un combat à continuer pour moi. Même si ça fait 15 ans que je me bats pour ça, il y a encore du chemin à faire.