Le rêve impossible d’un troisième parti aux États-Unis
Radio-Canada
Il y a quelques semaines, une troisième voie politique a vu le jour aux États-Unis avec le parti Forward. Mais si le passé est garant de l’avenir, la tentative sera plus que probablement vouée à l’échec.
Alors qu'à peu près tout le monde avait prédit la défaite de Liz Cheney face à une candidate adoubée par Donald Trump, qui avait épousé sa thèse mensongère de l’élection volée, nombreux sont ceux qui la voient maintenant briguer l’investiture présidentielle.
Au sein du Parti républicain? Difficile de survivre quand, comme Mme Cheney, on est ostracisé par ses électeurs. Une candidature indépendante? Ce n’est malheureusement pas viable, à cause du système fondamentalement bipartite des États-Unis.
Andrew Yang, lui, y croit pourtant encore, ou à tout le moins veut nous le faire croire. Pour ce millionnaire qui s’est présenté sans succès à l’investiture présidentielle démocrate en 2020, les Américains sont prêts à passer à autre chose.
Le nouveau parti appelé Forward (En avant) est né il y a quelques semaines de la fusion de trois groupes politiques qui ont émergé ces dernières années en réaction au système politique américain de plus en plus polarisé : Renew America, formé en 2021 par des dizaines d'anciens responsables des administrations républicaines de Reagan, des deux Bush et même de celle de Trump; le Forward Party, fondé par M. Yang; et le Serve America Movement, un groupe de démocrates, de républicains et d'indépendants, dont le directeur exécutif est l'ancien membre du Congrès républicain David Jolly.
Ce parti en gestation organisera une série d'événements dans deux douzaines de villes cet automne pour déployer sa plateforme et s'attirer des appuis. Un lancement officiel est d'ailleurs prévu à Houston le 24 septembre.
Mais, en attendant, à quelle enseigne loge ce parti embryonnaire sur des enjeux fondamentaux?
Sur la question de l’invalidation de l’accès à l’avortement par la Cour suprême ou sur l’accès aux armes d’assaut de type AR-15 à partir de 18 ans, par exemple, Andrew Yang répondait récemment, en entrevue avec Jim Acosta à CNN, que dans le parti Forward, il n’y a pas de position de gauche ou de droite, c’est plutôt une position d’aller de l’avant et d’aller dans le bon sens. Si vous voulez gérer ce pays, il va falloir prendre position, pas juste dire que c’est une question qui soulève les passions, lui a rétorqué l’animateur.
On comprend que Forward se veut centriste, mais à force de rester au milieu de la rue, il risque de se faire écraser par la droite ou par la gauche...