Le rêve américain suspendu entre un mur et des barbelés
Radio-Canada
Ils arrivent par milliers chaque jour devant ce barbelé à Juarez, au Mexique, à la frontière américaine.
Les États-Unis ouvrent leurs portes vers El Paso, au Texas, dans deux heures, c'est la rumeur qui court ce jour-là.
À Juarez, côté mexicain, c'est la course effrénée. Une mère court avec sa fille, elle n'a pas le temps de répondre à nos questions. Elles se dirigent vers le mur de barbelés avec leur sac à dos, trop gros.
Elles cherchent une ouverture, la voilà. Ce sera la porte d'entrée pour de nombreux migrants pendant des heures. Ils se glissent sous les barbelés, y accrochent parfois leurs habits, mais parviennent à entrer en territoire américain, cette fois pour faire face à un autre mur, bien plus imposant.
Les voilà pris en étau entre les barbelés et le fameux mur, sous un soleil de plomb, sans accès à de la nourriture ni à de l'eau. Daniel, un jeune Colombien, nous dit qu'il a faim et qu'il n'a plus d'argent.
Un mouvement de va-et-vient se produit entre Juarez et cet étau pour ramener des provisions.
Face à la dureté des conditions, le rêve s'évapore peu à peu, car même si le titre 42, qui limitait l'accès au territoire américain le temps de la pandémie, expire à 23 h 59, le titre 8 s'applique dorénavant. Toute personne ayant traversé la frontière de manière irrégulière sera renvoyée et ne pourra présenter de demande d'asile pendant cinq ans.
Le lendemain, l'ouverture faite la veille dans les barbelés a été repérée par les autorités et bouchée. Il leur faut en trouver une autre. Après quelques minutes de marche, une ouverture est repérée.
De l'autre côté du mur, c'est la ville d'El Paso, au Texas. Ceux qui l'ont franchi se retrouvent au pied de l'église Sacred Heart. Ils sont des milliers à avoir élu domicile à l'angle des rues Father Rahm et Oregon.