Le prix de l’essence? Ce n’est pas moi, c’est lui…
Radio-Canada
À écouter Joe Biden et ses démocrates ces jours-ci, la flambée du prix de l'essence, qui fait très mal au portefeuille des Américains, est la cause de la guerre que Poutine mène en Ukraine. À en croire les républicains, c'est la faute au président américain qui veut tuer l’industrie pétrolière aux États-Unis, notamment avec son agenda de lutte contre les changements climatiques. Qui a raison?
Mercredi, la directrice des communications de la Maison-Blanche, Kate Bedingfield, a tweeté que, pendant des mois, Poutine a fait du bruit avec son sabre, et pendant des mois, les prix de l'essence ont augmenté – jusqu'à 75 cents depuis qu'il a commencé son renforcement militaire le long de la frontière ukrainienne. Ajoutant même à la fin de son tweet le mot-clic #PutinPriceHike (hausse des prix à cause de Poutine).
Il est vrai que le prix du pétrole est fixé sur les marchés mondiaux des matières premières, de sorte que la perte de pétrole russe générée par l'embargo américain a une incidence sur les prix dans le monde entier, quel que soit l'endroit où est utilisé le précieux liquide.
L'impact de l’invasion russe a évidemment joué dans cette augmentation, mais la tendance haussière était engagée bien avant cette guerre. Il y a tout juste deux ans, le prix moyen du gallon d’essence était de 2,32 $ US. En novembre 2021, avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, le gallon se vendait à environ 3,49 $ US.
Ce mois-ci, on vient de dépasser 4,25 $ en moyenne en sol américain. En Californie, le prix a même grimpé à 5,57 $. Va-t-il augmenter davantage? Tout dépendra de la suite de cette guerre dont personne ne voulait, à part Vladimir Poutine.
Il reste que la tentative des démocrates d’essayer de faire oublier que l’inflation a connu des sommets depuis l'arrivée de Joe Biden – le président n’est pas forcément responsable de cette hausse, un phénomène mondial – est de bonne guerre dans le contexte de la joute politique américaine.
Parlant de cette joute, les républicains, athlètes de la discipline, ont demandé plus de sanctions de la Maison-Blanche contre la Russie. Un embargo américain contre l’importation de pétrole russe?
Bien sûr, clamaient les républicains. Après tout, cela fera monter encore plus les prix de l’essence, ce qui ne sera que tout pain béni politique pour dénoncer des politiques inflationnistes de Joe Biden.
À mots à peine couverts, le leader de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, estime que M. Biden aurait pu se permettre cet embargo sans impact s'il avait permis aux entreprises pétrolières d’extraire et de produire davantage de pétrole en sol américain. Une attaque bien ciblée qui fait mal, sauf que…