Le prince des mots, MC Solaar, en formule big band aux Francos
Radio-Canada
Le rappeur français MC Solaar débarque à la Place des Arts ce vendredi soir pour son premier concert aux Francos de Montréal depuis 1998. Le fin manieur de la langue française sera accompagné du groupe New Big Band Project, avec ses cordes, ses cuivres et ses chœurs qui donneront une nouvelle couleur à ses plus grands succès.
MC Solaar, de son vrai nom Claude M'Barali, a vécu une forme de renaissance dans la dernière année avec la réédition en 2021 de ses trois premiers albums, qui n’avaient jamais fait la transition vers le numérique en raison d’un conflit de 20 ans avec son étiquette Polydor. L’occasion pour une nouvelle génération de découvrir le hip-hop jazzé de Qui sème le doute récolte le tempo (1991), Prose combat (1994) et Paradisiaque (1997).
Pour eux, c’est vintage, mais ils vont voir la modernité. On avait fait en sorte que la musique soit quand même intemporelle, c’était bien mixé, explique le rappeur. Et les paroles sont encore actuelles. Parce que je n’étais pas un diariste, c’est-à-dire un gars qui parle des choses du quotidien; j’avais un peu plus de recul.
Vendredi dès 20 h, le rappeur présentera un pot-pourri de ces trois albums, mais aussi des cinq qui ont suivi, avec le rappeur québécois D-Track en première partie. Caroline, Bouge de là, Solaar pleure… Autant de chansons à redécouvrir avec de nouveaux habillages sonores, sous la direction musicale d’Issam Krimi. On a le son et la dynamique de l’époque, mais avec des envolées poétiques, résume Mc Solaar.
Les mots sont l’ingrédient principal de tout artiste de rap, mais c’est doublement vrai pour MC Solaar, qui s’est toujours démarqué par ses figures de style et ses textes recherchés. Selon lui, cet amour pour la langue française a fait son succès au moins autant que les rythmes concoctés par ses acolytes producteurs, dont Jimmy Jay, mais aussi les membres du duo Cassius : Hubert Boombass Blanc-Francard et Philippe « Zdar » Cerboneschi, pionnier de la French Touch mort en 2019.
Les Américains ou les Allemands, ce qu’ils aimaient [de ma musique], c’est que ça ne ressemblait pas à ce qu’ils recevaient sur MTV; c’était autre chose, se rappelle MC Solaar à propos de ses débuts. On voulait prouver que le rap pouvait être quelque chose de supérieur, et pas simplement de la complainte.
L’artiste se distingue aussi par les propos de ses chansons, qui s’éloignent de la violence associée au gangsta rap qui émergeait aux États-Unis parallèlement aux débuts de MC Solaar. Moins de violence donc, mais aussi moins de misogynie.
La lutte contre la misogynie a commencé dès le premier album, explique-t-il. Je ne voulais pas qu’il y ait de culte de la force, ce n’est pas dans mon code de déontologie. Ne jamais écraser quelqu’un pour ce qu’il est [...] Je raconte beaucoup d’histoires de femmes gagnantes, comme dans Caroline, Adam & Ève ou Victime de la mode.
MC Solaar sera en concert vendredi soir, à 20 h, à la salle Wilfrid-Pelletier. Des places sont encore disponibles.