Le président Erdogan est accusé de vouloir détourner l’attention
Radio-Canada
Les opposants de Recep Tayyip Erdogan accusent le président turc de chercher à détourner l'attention des difficultés économiques de la population en réclamant l'expulsion des ambassadeurs de 10 pays alliés, dont le représentant de la France – une perspective qui peut encore être évitée, selon des diplomates.
Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi avoir ordonné à son ministère des Affaires étrangères de déclarer personæ non gratæ dix ambassadeurs en raison de leur appel à la libération immédiate de l'homme d'affaires Osman Kavala.
Le ministère des Affaires étrangères n'avait toujours pas appliqué dimanche les instructions du président turc, susceptibles de déclencher la plus grave crise diplomatique avec les pays occidentaux depuis son accession au pouvoir il y a 19 ans.
L'annonce présidentielle intervient alors que les investisseurs s'inquiètent de la chute de la livre turque après la décision inattendue prise jeudi par la banque centrale de Turquie, sous la pression de Recep Tayyip Erdogan, d'abaisser de 200 points de base son principal taux directeur.
La livre turque a perdu la moitié de sa valeur face au dollar depuis 2018. Kemal Kilicdaroglu, chef de file du Parti républicain du peuple (CHP), principale formation de l'opposition, a accusé le chef de l'État d'entraîner rapidement le pays vers le précipice.
La raison de ces initiatives n'est pas de défendre les intérêts nationaux, mais de créer des causes artificielles à la ruine de l'économie, a-t-il écrit sur Twitter.
Yavuz Agiralioglu, l'un des dirigeants du Bon Parti (IYI), autre formation d'opposition, a pour sa part déclaré : Nous avons déjà vu ce film. Revenez sans tarder à notre véritable agenda et au problème fondamental de ce pays, la crise économique.