Le pour et le contre du plexiglas pour prévenir la transmission du coronavirus
Radio-Canada
Des spécialistes constatent que les parois de plexiglas installées dans les commerces et établissements depuis le début de la pandémie ne conviennent pas dans toutes circonstances.
Il s’agit d’une mesure efficace pour protéger les commis à la caisse d’un magasin, par exemple. Mais dans d’autres aménagements, les parois de plexiglas peuvent nuire à la circulation de l’air et présenter un risque accru de transmission du coronavirus.
Depuis qu’on sait que la transmission par aérosol est un mode dominant pour transmettre les infections, les plexiglas ont perdu un peu de leur importance dans la lutte contre la pandémie , constate l’ingénieur mécanique Stéphane Bilodeau, qui a fait un doctorat en ventilation à l’Université de Sherbrooke.
Il explique que les parois sont surtout efficaces contre les gouttelettes, quand une personne tousse ou parle. De façon générale, poursuit M. Bilodeau, le plexiglas n’aide pas du tout à contrer les aérosols qui sont comme des planeurs qui flottent dans l’air, donc qui vont passer à côté ou par-dessus en quelques minutes.
Si vous fragmentez une pièce avec des murs en plexiglas, l'air ne pourra pas circuler correctement, ce qui est contre-productif, explique le Dr Peter Juni, directeur scientifique du groupe consultatif scientifique ontarien de lutte contre la COVID-19.
Dans certains cas, cela aggraverait la situation plutôt que de l'améliorer. Il pense que dans la plupart des cas, il vaudrait mieux abattre ces cloisons.
Une étude qui est parue dans Nature à la fin avril début mai démontrait qu’en classe, par exemple, les risques de transmettre la maladie ou d’être infecté étaient même un peu plus élevés quand il y avait des plexiglas que quand il n’y en avait pas, fait valoir l’ingénieur Stéphane Bilodeau.
Le Dr Raj Bhardwaj, un médecin qui enseigne à l’Université de Calgary, note que le variant Delta se transmet dans l’air de façon plus efficace, ce qui rend la ventilation encore plus importante. Ces barrières de plastique peuvent nuire à la bonne ventilation dans une pièce, explique-t-il, et peuvent créer des zones où l’air ne circule pas et les particules virales s'accumulent avec le temps.
Le Dr Bhardwaj reconnaît qu’elles constituent un obstacle physique qui peut protéger des postillons ou des éternuements d’une personne qui ne porte pas de masque.