Le postfascisme au pouvoir en Italie, au cœur de l’Europe
Radio-Canada
L’Italie a voté le 25 septembre et, pour la première fois de son histoire, c’est une femme qui dirigera le gouvernement. Pour la première fois aussi, ce sera un parti classé à l’extrême droite, Fratelli d’Italia ou Frères d’Italie, qui va dominer la coalition au pouvoir.
Pour commencer : est-il juste d’utiliser un mot comme postfasciste pour désigner Giorgia Meloni, la future première ministre italienne, et son parti?
En matière d’étiquettes politiques, les mots sont souvent piégés, contradictoires ou approximatifs. Le fascisme a bien existé; c’est un modèle de dictature né en Italie il y a exactement un siècle, avec Benito Mussolini, lequel s’est ensuite allié à Hitler. Ils ont très mal fini tous les deux – après avoir ravagé l’humanité qui les entourait.
Mais ils ont des descendants, des petits-enfants ou arrière-petits-enfants plus ou moins légitimes, plus ou moins reconnus. Giorgia Meloni et ses Frères d’Italie peuvent être qualifiés de postfascistes, en ce sens qu’ils descendent idéologiquement de cette filiation, de façon bien visible.
Meloni, elle-même, a fait dans sa jeunesse l’éloge de Mussolini. Mais pendant la campagne qui s’est achevée, elle a répété que le fascisme appartient à l’histoire, et que le pays a tourné la page.
Idéologiquement, si on regarde son programme et si on écoute ses discours, on trouve une personne qui exprime, sur des sujets comme la loi et l’ordre, le respect de l’autorité, l’avortement, la famille traditionnelle, la religion, les droits des homosexuels, l’idéologie du genre ou l’immigration, des positions qu’on peut aisément classer à droite, voire très à droite.
La question est de savoir si, une fois arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni voudra, ou pourra, appliquer ces idées dans l’Italie de 2022? Avec ses alliés au gouvernement, avec les pouvoirs européens qui la tiendront à l’œil?
Meloni vit beaucoup dans le combat idéologique. Dans ses discours, elle peut être très emphatique – voire davantage. Il y en a un – facile à trouver sur YouTube – en langue espagnole (qu’elle manie très bien, comme d’ailleurs le français et l’anglais), prononcé devant ses amis néo-franquistes du parti Vox en Espagne et qui n’est pas piqué des vers.
Dans un crescendo vertigineux et agressif, on l’entend notamment crier : Oui à l’universalité de la Croix! Non à la violence islamiste!