Le plan du Nouveau-Brunswick pour la crise du logement, un « argument erroné »?
Radio-Canada
Le manque de logement et la difficulté de se loger à un coût décent sont des enjeux particulièrement importants au Nouveau-Brunswick. À la veille du dépôt, mardi prochain à Fredericton, du budget 2022-2023, des observateurs et des experts redoutent que le gouvernement provincial préconise des mesures qui ratent la cible.
Le gouvernement progressiste-conservateur de Blaine Higgsavait promis, lors de la campagne électorale de 2020, d’abolir ce que les propriétaires d’immeubles appellent double imposition ou double taxe, qui existe aussi dans plusieurs autres provinces.
Ceux-ci paient l’impôt foncier provincial et municipal, au même titre que les autres citoyens, par exemple, paient des impôts au provincial et au fédéral. Depuis plus d’une décennie, l’Association des propriétaires d’appartements du Nouveau-Brunswick demande aux gouvernements qui se sont succédé à Fredericton d’abolir cet impôt provincial.
Le gouvernement Higgs allègue que l’allégement du fardeau fiscal des propriétaires va stimuler la construction de nouveaux immeubles locatifs, augmentant le nombre de logements disponibles et résorbant la crise actuelle.
Ces derniers jours, la Coalition pour les droits des locataires du Nouveau-Brunswick a conclu que, loin de régler cet enjeu, la solution préconisée par le gouvernement Higgs ne ferait qu’aggraver les problèmes qui accablent les locataires.
Selon Matthew Hayes, porte-parole de la coalition, la fin de cette imposition va surtout stimuler l’achat d’immeubles, car les acheteurs vont y voir une occasion de faire plus de profits. Mais cela ne se traduira pas par une baisse du prix des loyers.
Bien que le but de couper les impôts serait, selon le gouvernement de contrôler l'inflation des loyers, nous estimons que ça pourrait faire exactement l'inverse, dit M. Hayes.
Pour l’économiste Richard Saillant, expert en politiques publiques, la crise du logement au Nouveau-Brunswick n’est pas une question fiscale, mais une simple question d’offre et de demande. Ce serait donc à son avis un argument erroné du gouvernement.
Il est d’accord avec la coalition sur le fait que l’élimination de la double imposition ne soulagera pas le fardeau des locataires du Nouveau-Brunswick.