
Le plan de Québec pour préserver le caribou est « voué à l’échec », selon des experts
Radio-Canada
La décision du gouvernement du Québec de clôturer un autre troupeau de caribous menacé et de tuer tous les loups qui s'y approchent inquiète les environnementalistes, qui estiment que la province retarde encore une fois un plan promis de longue date visant au rétablissement de l'espèce.
Après avoir installé une clôture autour de l'habitat des sept animaux restants d'un troupeau de Val-d'Or, en Abitibi-Témiscamingue, le gouvernement affirme que des troupeaux des régions de Charlevoix et de Gaspé seront les prochains à vivre derrière des enclos.
Le ministère de la Faune a confirmé que la construction est en cours pour clôturer l'ensemble du troupeau de Charlevoix, au nord de Québec, dont la taille est estimée à moins de 20 bêtes. À Gaspé, l'ensemble du troupeau ne sera pas dans un enclos, mais les femelles gestantes seront capturées et transportées dans des aires clôturées où elles mettront bas et élèveront leurs petits pendant quelques mois avant d'être relâchées à l'automne.
Le gouvernement a également embauché un groupe de piégeage, la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec, pour intensifier un programme de piégeage et d'abattage des loups et autres prédateurs qui menacent le caribou.
Dans un courriel, le gouvernement du Québec a affirmé que ces mesures sont considérées comme temporaires, ajoutant qu'elles offrent les meilleures chances de s'assurer que les animaux ne meurent pas à court terme.
L'enclos aide à protéger les caribous de la prédation et de la mortalité, et ils ont accès à une quantité abondante de nourriture et d'eau de qualité, le tout sous la supervision de vétérinaires, a déclaré la porte-parole Mila Roy. D'autres mesures pour protéger le caribou, dont la préservation de son habitat et le démantèlement des routes forestières, sont déjà en cours, a-t-elle ajouté.
Martin-Hugues St-Laurent, un biologiste de l'Université du Québec à Rimouski, estime cependant que d'enfermer des animaux et de tuer des prédateurs équivaut à un hôpital qui envoie un patient aux soins intensifs dans une ultime tentative pour le sauver.
Bien que de telles mesures soient parfois appropriées, il a expliqué qu'elles ne signifient pas grand-chose sans des gestes forts pour protéger les habitats des animaux.
Mettre les animaux dans des enclos pour les protéger des prédateurs sans protéger l'habitat est voué à l'échec, a-t-il tranché en entrevue. Cela donne l'impression que nous faisons quelque chose, mais nous ne faisons rien d'efficace.