Le plaidoyer d’un directeur d’école
Le Journal de Montréal
Le Québec faisait déjà figure de cancre en matière de diplomation à l’échelle canadienne et les effets collatéraux de la pandémie risquent d’aggraver encore davantage la situation dans les années à venir, craint David Bowles, président de la Fédération des établissements d’enseignement privés. Dans un essai rédigé à titre personnel, Réflexions d’un directeur d’école pour injecter une dose de persévérance scolaire au Québec, il met au jeu 55 recommandations en vue de réduire le décrochage scolaire. En voici quelques éléments.
En parallèle avec le déploiement des maternelles 4 ans, le réseau des CPE devrait être élargi et gratuit pour tous les enfants de cet âge, afin d’aider davantage de tout-petits à partir du bon pied, affirme David Bowles.
Les CPE devraient même être intégrés au parcours scolaire en offrant leurs propres programmes éducatifs approuvés par le ministère de l’Éducation, ajoute le directeur d’école.
Alors que des voix s’élèvent pour remettre en question les programmes particuliers sélectifs, David Bowles milite plutôt pour qu’ils deviennent accessibles à tous, en particulier aux élèves en difficulté qui ont le plus besoin d’une bonne dose de motivation pour se rendre à l’école chaque matin. Les élèves devraient pouvoir obtenir davantage de périodes de récupération si leurs résultats diminuent plutôt que d’être exclus de leur programme. C’est la formule adoptée au Collège Charles-Lemoyne, que dirige M. Bowles sur la Rive-Sud de Montréal, où on retrouve près de 50 % d’élèves avec un plan d’intervention. Tous, sans exception, sont inscrits dans un profil particulier.
M. Bowles se désole que la lutte au décrochage scolaire ne soit pas élevée au rang de « priorité nationale » au Québec, surtout dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre. « Il faut qu’on s’y attaque, on n’en entend pas assez parler », lance-t-il. Québec a bien présenté en mai un Plan de relance pour la réussite éducative doté de 110 millions $, mais le directeur d’école déplore que le premier ministre François Legault n’ait pas insisté davantage sur l’importance de la diplomation dans son discours d’ouverture, prononcé à la mi-octobre.
Pour aider les jeunes susceptibles de décrocher, davantage de services en orientation devraient être disponibles dès le début du secondaire pour les motiver davantage à persévérer, affirme M. Bowles. La formation professionnelle devrait être davantage valorisée et les écoles secondaires devraient offrir plus de souplesse aux élèves qui décident de se diriger vers cette voie, en ne les obligeant pas à compléter des cours qui ne sont pas requis pour cette formation. Comme en Ontario, l’école devrait être obligatoire jusqu’à l’âge de 18 ans ou jusqu’à l’obtention d’un diplôme.
Le décrochage scolaire est important au Québec, mais il l’est encore plus dans les rangs des garçons. Pour les intéresser davantage à apprendre en classe, le directeur d’école propose de miser sur des compétitions amicales en classe, dont raffolent habituellement les garçons. Davantage d’efforts devraient être faits pour recruter des hommes en enseignement, afin d’offrir aux garçons plus de modèles masculins dans les écoles. Les entraîneurs sportifs, qui peuvent avoir une grande influence sur les élèves, devraient par ailleurs suivre de près leurs résultats académiques et dossiers disciplinaires afin d’intervenir au besoin, ajoute-t-il.