
Le Parti conservateur du Québec fait le plein d’insatisfaits
Radio-Canada
C'est un matin glacial en Beauce et tout semble tourner au ralenti. Dans le centre commercial de Sainte-Marie, les boutiques ne sont pas encore ouvertes, mais dans le corridor, la discussion s'anime : « Je ne suis plus capable, cette phrase-là; c'est mon baromètre », lance une femme d'origine marocaine en s'adressant à un groupe d'une dizaine de personnes.
Il s'agit d'une militante du Parti conservateur du Québec (PCQ) qui a répondu à l'invitation de son chef. Faute de pouvoir tenir de rassemblement, c'est ainsi que se déroule la première rencontre d'Éric Duhaime avec les membres de la nouvelle association locale du parti dans la circonscription de Beauce-Nord.
Quelques heures plus tard, le scénario se répète dans un restaurant de la circonscription de Beauce-Sud. En quelques mois, le parti est parvenu à former des associations dans 105 des 125 circonscriptions électorales du Québec, et en Beauce, chacune d'elles compte plus de 1000 membres.
« C'est toujours le fun de venir en Beauce; on se sent toujours à la maison quand on est conservateur. »
Les militants n'ont pas attendu la visite de leur chef avant de se mettre au travail, observe Claude Morin, le maire de Saint-Georges. Cet ancien député de l'Action démocratique du Québec (ADQ) connaît bien les électeurs et les organisateurs politiques de la Beauce, et il constate que l'aiguille politique commence à bouger. L'organisation du Parti libéral est pas mal à terre. Et même à la Coalition avenir Québec (CAQ), les noms que j'ai entendus concernant le Parti conservateur du QuébecPCQ, je sais qu'ils travaillaient pour la Coalition avenir QuébecCAQ avant, explique-t-il.
Une information qui se vérifie dans les rangs conservateurs : Éric Duhaime avoue à ses membres avoir lui-même voté pour François Legault lors de la dernière élection. Confidence pour confidence, un militant y va de cet aveu à son chef : Je suis membre de la Coalition avenir QuébecCAQ, mais je ne suis pas membre. C'est un membre qui est fictif. C'est comme une carte des Chevaliers de Colomb, explique l'homme d'affaires.
Pour l'instant, c'est essentiellement la grogne suscitée par l'imposition des mesures sanitaires qui rassemble les militants sous l'enseigne conservatrice. Cette insatisfaction va inévitablement teinter la campagne électorale, selon Claude Morin. Je pense que cette élection va être différente, puisque l'on sent très fortement une écœurantite aiguë, et ça s'est développé en sentiment anti-Coalition avenir QuébecCAQ, avance le politicien.
Si le Parti conservateur du QuébecPCQ peut compter sur l'appui de caquistes déçus, il en va autrement de celui des militants conservateurs fédéraux. Même si, sur la scène fédérale, de Maxime Bernier à Richard Lehoux, les conservateurs règnent sur la Beauce depuis plus de 15 ans, l'organisation du Parti conservateur du Canada (PCC) en Beauce prend ses distances avec la branche provinciale. Je ne vois aucune alliance et aucune relation entre les deux. Ce qui est conservateur fédéral, ce n'est pas les mêmes valeurs tout à fait, affirme Jasmin Boutin, vice-président de l'association du PCC en Beauce.
L'homme met en garde ceux qui seraient séduits par le discours antimesures sanitaires. Tout le monde est tanné de la pandémie, mais de là à se réfugier rapidement dans un parti juste pour des frustrations, non. Le lendemain de la pandémie, on veut être où? On s'en va où? On a encore des projets sur la table. Il ne faut pas juste que ce soit un feu de paille, explique l'acériculteur.