Le nord du N.-B. souffre d’un manque disproportionné de médecins de famille
Radio-Canada
Dans sa maison de Saint-Joseph de Madawaska, Nicole Levesque Galloway se déplace avec une marchette. Cette dame de 66 ans est en rémission d’un cancer du sein. Elle a aussi des séquelles de deux schwannomes, des tumeurs bénignes au cerveau qui affectent sa voix, son ouïe, les mouvements de son visage et son équilibre.
Elle m’a sauvé la vie plusieurs fois, s’exclame Mme Levesque Galloway en parlant de son ancienne médecin de famille. C’est elle qui l’a envoyée à un hôpital de Québec pour traiter ses schwannomes. Elle a aussi accéléré les interventions pour qu’on lui enlève une tumeur au sein et qu’on lui donne des traitements de radiation. Mais l’an dernier, la médecin qui la soignait depuis plus de 20 ans a dû prendre sa retraite.
« C’est vraiment stressant. J'ai peur tout le temps. J'ai peur d'avoir un autre cancer parce que je n'ai pas de suivi. C'est de l'angoisse et puis mon caractère a changé à cause de ça, je suis un petit peu plus agressive. »
En juin 2021, près de 35 000 patients orphelins étaient inscrits sur la liste Accès Patient Nouveau-Brunswick. En décembre dernier, ce chiffre avait bondi à près de 50 000 personnes.
Cette pénurie est particulièrement visible dans le nord du Nouveau-Brunswick, où le Réseau de santé Vitalité dénombre 35 postes de médecins de famille vacants. Il manque 13 médecins de famille dans le Nord-Ouest, 11 dans le Restigouche, 7 dans la Péninsule acadienne, 4 dans la région Chaleur et 2 dans le Sud-Est.
Le bureau de la Dre Joanne LeBlanc à Edmundston reçoit tous les jours des appels de patients orphelins qui demandent si elle ou ses collègues prennent de nouveaux patients. On est dans l'obligation de leur dire que non, on n'en prend pas de nouveaux parce que notre bureau est quand même plein.
« Ça nous fend le cœur, mais on ne peut pas dire oui à tout le monde. »
Médecin depuis 15 ans, la Dre LeBlanc précise que, ne sachant vers qui se tourner, bien des patients orphelins se rendent à l’urgence pour des renouvellements de médicaments. Elle s’inquiète des effets à long terme de cette pénurie. Les gens qui n'ont pas de médecin de famille, c'est certain qu’on va moins être capable de dépister les maladies plus précocement, explique celle qui fait aussi des suivis de grossesse, des accouchements et de l’oncologie.
La pénurie est internationale. On compétitionne continuellement, explique d’entrée de jeu le Dr Denis Pelletier.