
Le N.-B. génère des surplus budgétaires en partie « sur le dos des ménages »
Radio-Canada
L'important surplus budgétaire prévu au Nouveau-Brunswick provient en grande partie de la vigueur de l'économie et de la croissance démographique de la province, mais aussi de l’inflation et d’un rationnement du système de santé, estime l’économiste Richard Saillant.
Le ministre des Finances, Ernie Steeves, a annoncé jeudi qu’il prévoit un surplus budgétaire de 774 millions de dollars pour l’exercice financier 2022-2023. Bien des contribuables connaissent toutefois des temps durs dans le contexte de l'inflation galopante. La différence entre ces deux réalités est très grande, souligne l’économiste Richard Saillant.
On peut dire jusqu’à un certain point que le gouvernement génère ses surplus sur le dos des ménages. C’est-à-dire que lorsque tout coûte plus cher, les recettes, que ce soit en taxes de vente ou d’autres recettes, augmentent. Fondamentalement, il y a un décalage énorme entre ce que vivent les coffres de la province et ce que vivent les Néo-Brunswickois, explique Richard Saillant au cours d’une entrevue accordée au Téléjournal Acadie.
La nouvelle prévision de surplus budgétaires surpasse largement celles présentées ces derniers mois. Il y a quelques semaines à peine, à la fin du mois d’août, le ministre Steeves prévoyait un surplus de 135 millions de dollars. Et lors du dépôt du budget, en mars, on ne prévoyait qu’un surplus de 35 millions.
Le gouvernement a sous-estimé les choses, selon M. Saillant.
Fondamentalement, ce qui se produit, c’est qu’on a une économie qui carbure à plein régime avec une croissance démographique sans précédent et une inflation. L’inflation, c’est très bon pour les recettes de l’État, et bien sûr, l’économie est vigoureuse. Donc, il fallait s’attendre à que le surplus soit bien plus élevé que ce que nous avait dit le gouvernement il y a à peine 10 semaines, affirme l’économiste.
Le ministre Steeves a indiqué jeudi qu’une portion des surplus pourrait servir à réduire la dette et les impôts des particuliers, et qu’une autre pourrait servir à augmenter les dépenses dans certains secteurs.
Le gouvernement a déjà annoncé au début de novembre une baisse des impôts sur le revenu des particuliers dont profiteront particulièrement les gens qui ont des revenus annuels supérieurs à 140 000 $.. S’il compte en annoncer une autre, M. Saillant espère qu’elle touchera davantage les moins nantis et la classe moyenne.
« Moi, je pense qu’on devrait dépenser davantage pour aider les Néo-Brunswickois maintenant, mais si on ne veut pas faire ça, au moins n’affamons pas la bête, gardons notre capacité de prélever des recettes pour les défis futurs. »