Le microbiote intestinal lié à des maladies inflammatoires comme l’arthrite
Radio-Canada
L’action d’une protéine présente dans l’intestin agit sur le microbiote et provoque la formation de molécules qui aggravent les symptômes des maladies inflammatoires chroniques comme l’arthrite, montre une étude menée par une association internationale de 22 chercheurs chapeautée par le Pr Éric Boilard de l’Université Laval.
La protéine en question, la phospholipase A2-IIA, a été découverte il y a plusieurs années dans le liquide qui entoure les articulations des personnes souffrant d’arthrite, explique dans un communiqué le Pr Éric Boilard, de la Faculté de médecine de l’Université Laval.
Cette protéine a ensuite été détectée ailleurs dans le corps, notamment dans l’intestin, où elle est produite en abondance. Il a fallu beaucoup de temps avant qu’on réalise qu’elle avait une activité antibactérienne, ajoute le Pr Boilard.
« Cette protéine interagit peu avec la membrane des cellules humaines, mais elle a beaucoup d’affinité pour la membrane des bactéries. Elle se lie à leur membrane et elle la scinde, libérant ainsi de petites molécules telles que des acides gras. »
Dans leurs travaux, les chercheurs ont étudié l’effet de la protéine phospholipase A2-IIA sur le microbiote intestinal d’une lignée de souris transgéniques. Ces rongeurs possèdent le gène humain qui code pour la protéine et, en vieillissant, elles développent des manifestations d’inflammation chronique.
Ces expériences ont révélé que la phospholipase modifie le profil des lipides d’origine bactérienne qui se retrouvent dans l’intestin.
« En libérant les acides gras des membranes bactériennes, la protéine produit des lipides pro-inflammatoires qui exacerbent l’inflammation chronique et augmentent la sévérité des symptômes d’arthrite chez ces souris. »
Le premier auteur de ces travaux publiés dans le Journal of Clinical Investigation-Insight (Nouvelle fenêtre) (en anglais) est Étienne Doré, étudiant-chercheur au doctorat à la Faculté de médecine de l’Université Laval.
L’action de la phospholipase sur le microbiote intestinal de souris a aussi des répercussions sur le psoriasis, une autre maladie inflammatoire, ainsi que sur le cancer de la peau.