Le manque de cuivre pourrait mettre la transition énergétique mondiale en péril
Le Journal de Montréal
Un « déficit de 5 à 6 millions de tonnes » à moyen terme dans le monde : les tensions entre l'offre et la demande de cuivre inquiètent pour la transition énergétique, tant le métal rouge est central pour l'électrification des usages, levier majeur de réduction des gaz à effet de serre.
« Quand vous voulez transporter de l'énergie, à l'intérieur de la voiture, du bâtiment, ou entre la centrale de production et votre lieu de consommation, vous allez avoir besoin de passer un courant électrique et aujourd'hui on n'a rien trouvé de mieux, dans un ratio acceptable coût/résistance, que le cuivre », explique un industriel.
De quoi attiser les convoitises : le monde est entré dans une électrification à marche forcée afin de réduire les émission de gaz à effet de serre. L'Europe, notamment, souhaite réduire ses émissions de CO2 de 55% en 2030 par rapport à 1990. Parallèlement, les pays émergents sont « en cours d'électrification », souligne Vincent Dessale, directeur des opérations du groupe Nexans.
Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui organise cette semaine un sommet sur les métaux critiques de la transition, le marché du cuivre a augmenté d'environ 50% entre 2017 et 2022, atteignant près de 200 milliards de dollars.
« On consommait de l'ordre de 9 à 10 millions de tonnes (Mt) de cuivre dans le monde il y a une vingtaine d'années, aujourd'hui on doit être à 23, 24 Mt, donc on a doublé en 20 ans. (...) On pense que dans dix ans seulement, on sera probablement entre 35 et 40 Mt", précise Vincent Dessale.
Outre le raccordement aux réseaux électriques des éoliennes en mer, très gourmand en câbles, un véhicule électrique nécessite « globalement deux fois plus de cuivre qu'un véhicule thermique », selon lui.
Les modèles statistiques utilisés depuis des années « prédisent toujours un déficit de l'offre », mais celui-ci ne s'est pas produit à ce jour, « pour différentes raisons : évolution des prix, dynamiques de marché diverses et variées, le fait que la substitution parfois intervient », explique Laurent Chokoualé, de l'International Copper Association (entreprises minières et fondeurs), qui représente 50% environ du tonnage du cuivre produit dans le monde.