Le Mali accuse la France d’armer les combattants islamistes
Radio-Canada
Le Mali a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'organiser une réunion d'urgence pour faire cesser ce qu'il présente comme « des actes d'agression » de la France. Bamako accuse Paris de violer sa souveraineté territoriale et de soutenir militairement des combattants djihadistes.
Avec ces accusations, le gouvernement, dominé par les militaires, pousse un cran plus loin ses incriminations contre la France.
La lettre, adressée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l'ONU, dénonce les violations répétitives et fréquentes de l'espace aérien national par les forces françaises au cours des derniers mois. Elle décrit des appareils français se livrant à des activités considérées comme de l'espionnage et des tentatives d'intimidation.
Les autorités maliennes disposent de plusieurs éléments de preuve que ces violations flagrantes de l'espace aérien malien ont servi à la France pour collecter des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel et pour leur larguer des armes et des munitions, ajoute M. Diop. Il laisse entendre que les Français pourraient avoir transporté par hélicoptère deux membres d'un groupe djihadiste, début août, dans la région de Tombouctou.
Le Mali invite le Conseil de sécurité à œuvrer pour que la France cesse immédiatement ses actes d'agression et demande à la présidence chinoise de communiquer ces éléments aux membres du Conseil de sécurité en vue d'une réunion d'urgence, indique M. Diop.
Le Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.
Ces dernières manifestations de la détérioration des relations franco-maliennes coïncident strictement avec le départ des derniers soldats français au Mali après neuf ans d'engagement contre les djihadistes. La junte au pouvoir au Mali depuis le putsch d'août 2020 s'est détournée de la France et de ses alliés pour se tourner vers la Russie.
L'armée française, poussée vers la sortie, a quitté successivement et transféré aux autorités maliennes ses différentes bases au Mali, la dernière lundi à Gao.
Les Russes semblent n'avoir pas traîné. Le gouvernement allemand a indiqué mercredi disposer d'informations selon lesquelles environ 20 ou 30 personnes, probablement des Russes en uniforme, ont été repérées en train de décharger un avion à l'aéroport de Gao le jour du départ français.